Par le lieutenant-colonel STAAFF, officier de la Légion d'honneur et de l'Instruction publique en France. Ouvrage désigné comme prix aux Concours généraux de 1870-1872; distribué aux instituteurs de France par son Exc. M. le Ministre de l'Instruction publique; adopté et recommandé par la Commission des bibliothèques, ainsi que pour les prix et les bibliothèques de quartier; honoré des souscriptions des ministères de l'Instruction publique, de la Guerre, de la Marine, etc., décerné en prix dans les lycées, les colléges municipaux et les écoles communales de la Seine, du Loiret, de l'Aube, de l'Aveyron, etc., etc. Vingt Le vingt-troisième Concours poétique ouvert en France le 15 août 1879, sera clos le 1er décembre 1879. · médailles seront décernées. Demander le programme, qui est envoyé franco, à M. Evariste Carrance, président du Comité, 6, rue Molinier, à Agen (Lot-et-Garonne). Affranchir. LA CONFERENCE LITTÉRAIRE ET SCIENTIFIQUE DE PICARDIE a ouvert un Concours de poésie sur ce sujet : LE POÈTE. — Le Concours sera clos le 1er novembre 1880. — Les manuscrits devront être parvenus pour cette date au Président de la Société à Amiens. Le prix consistera en une médaille d'or. Les pièces de vers devront être inédites, n'être pas signées, et porter une épigraphe qui sera répétée sur l'enveloppe d'un billet cacheté contenant le nom et l'adresse de l'auteur. SOCIÉTÉ D'ÉMULATION DE CAMBRAI. La Société décernera, s'il y a lieu, en 1880, en séance publique, une médaille d'or, de vermeil, d'argent ou une mention honorable à l'auteur du meilleur mémoire sur « Les expositions des BeauxArts en province : leur utilité, ce qu'elles sont, ce qu'elles pourraient être, dans l'intérêt des arts et des Les envois devront parvenir franco au Président ou au Secrétaire de la Société avant le 1er Juin 1880. artistes. » LA SOCIÉTÉ DES ÉTUDES HISTORIQUES décernera, dans sa séance publique de l'année 1880, un prix de 1,000 fr. à l'auteur du meilleur mémoire sur la question suivante : « Histoire des origines et de la formation de la langue française jusqu'à la fin du xvie siècle ». — Les mémoires manuscrits devront être adressés à M. l'Administrateur avant le 1er Janvier 1880. Ils ne seront point signés et porteront une épigraphe répétée sur un billet cacheté renfermant le nom et l'adresse de l'auteur. Ils devront être inédits et n'avoir pas été présentés à d'autres concours. - L'auteur qui se sera fait connaître, sera, par ce seul fait, mis hors de concours. Les mémoires ne seront pas rendus; les auteurs auront la faculté d'en prendre ou d'en faire prendre copie. La Société pourra les publier, en tout ou partie. - SOCIÉTÉ DES SCIENCES, AGRICULTURE ET BELLES-LETTRES DE TARN-ET-GARONNE. Concours de 1880. Les manuscrits devront être envoyés, francs de port, avant le 1er février 1880. Les sujets de ces compositions sont laissés Pour plus amples renseignements, on est prié de s'adresser au secrétariat-général de au choix des concurrents. la Société, à Montauban. Réponses diverses. M. J. S., à Amiens: Tous mes remerciements pour la faute que vous me signalez, n° 3, p. 20 de cette année dans ma seconde édition, je ne manquerai pas de mettre Ich habe Schlaf au lieu de Ich habe Schlafen. – M. P., à Lyon : Votre abonnement, payable chez M. Borrani, libraire à Paris, a été pris par son coureur le 4 novembre 1878, et, après avoir reçu 12 numéros, vous prétendez que vous n'êtes pas abonnė? — M. O. P., à Jersey : J'ai lu avec bien du plaisir la traduction que vous venez de m'adresser, et j'en prends occasion pour vous féliciter d'avoir appris une nouvelle langue. — M. J. M. S., à Madrid : Votre publication ayant quelque analogie avec la mienne, je consens très volontiers à l'échange que vous me proposez. M. D. B., à Paris : La personne qui a touché votre abonnement ne me l'a pas remis. Le rédacteur du Courrier de Vaugelas est visible à son bureau de une heure et demie à cinq. Imprimerie G. DAUPELEY-GOUVERNEUR, à Nogent-le-Rotrou. COURRIER DE VAUGELAS Journal Semi-Mensuel CONSACRÉ A LA PROPAGATION UNIVERSEL LE DE LA LANGUE FRANÇAISE Paraissant le 1 et le 15 de chaque mois (Publication couronnée à l'Académie française en 1875, et doublement récompensée à l'Exposition de 1878.) ABONNEMENTS: Se prennent pour une année entière et partent tous de la même époque.-S'adresser soit au Rédacteur soit à un libraire quelconque. les autres la totalité en quelque sorte du globe lui-même; mais on ne se rend pas facilement compte de l'anomalie qui se rencontre dans l'association de monts et de merveilles. Quelle en est la cause? Je crois l'avoir trouvée. Au xvIe siècle, nos courtisans durent naturellement imiter l'italien dans cette expression, l'italien qui disait promettre monts et mers. Or, comme nous disions, nous, promettre merveilles, ce dernier mot aura été substitué à mers (dont il contenait les trois premières lettres) dans le proverbe italien, et nous aurons dit Explication de Promettre monts el merveilles; - Origine du proverbe Les feves fleurissent; De quelle reine Berthe il est question quand on dit Au temps où la reine Berthe filait; Règles pour reconnaître quand le mot verbal en ant est participe présent. || Communication sur Rapatrier; - Origine de Beau dans les noms de parenté Beau-père, Belle-mère, etc.; - Appré-promettre monts et merveilles au lieu de l'italien litté ciation de la construction d'un vers de Racine. | Passe-temps grammatical. | Fin de la biographie de Pierre Restaut. || Ouvrages de grammaire et de littérature. || Concours littéraires. Réponses diverses. Pour dire qu'une personne promet à une autre toutes sortes de choses avantageuses, sans avoir la volonté ou le pouvoir de tenir sa promesse, notre langue et celles des peuples qui nous entourent ont adapté deux sortes de régimes au verbe promettre : quelquefois ce régime est simple, comme dans promettre des monts d'or, promettre des merveilles, promettre des mondes d'or (anglais); quelquefois il est composé, comme dans promettre mers et monts (italien), promettre monts et vaux, et promettre monts et merveilles, qui se disent en fran!çais. Toutes celles de ces expressions où promettre est suivi d'un régime simple se comprennent, et il en est de même de celles où le régime est formé de deux mots de sens opposé (monts et vaux, monts et mers), parce que ces mots embrassent, les uns la totalité des terres, ralement traduit en français promettre monts et mers. Je ne vois pas jusqu'ici d'autre explication à donner à ce singulier fait de construction. Troisième Question. On emploie souvent l'expression proverbiale AU TEMPS OU LA REINE BERTHE FILAIT, pour signifier IL Y A BIEN LONGTEMPS. Pourriez-vous me dire quelle est cette reine Berthe, quand elle vivait, etc.? Il a régné plusieurs opinions à cet égard; mais la plus probable me semble celle qui a été émise par Bullet (Dissert. sur la mythologie française, p. 60), et qui consiste à voir, dans la reine en question, la première femme du roi Robert, veuve du comte de Blois, que les censures de Grégoire V obligèrent à quitter son second mari. D'après cet auteur, ce serait cette reine qui se trouve représentée au portail de plusieurs cathédrales avec un pied d'oie, d'où le nom de reine pédauque. Comme le roi Robert occupa le trône de France de 996 à 1034, il s'en suit, si Bullet a raison, que lorsqu'on dit d'une chose qu'elle remonte au temps où Berthe filait (car on abrège souvent ainsi le proverbe), on dit littéralement qu'elle remonte au XIe siècle. Quatrième Question. On est souvent très embarrassé pour découvrir si un mot en ANT est participe présent (auquel cas il est invariable) ou adjectif verbal (auquel cas il est variable). Pourriez-vous me donner à ce sujet un ensemble de règles que des enfants pussent facilement appliquer? Vous me rendriez ainsi un véritable service. A l'origine de notre langue, on ne variait les participes présents que pour le nombre, ce dont j'ai donné la raison dans le Courrier de Vaugelas (re année, numéro 9). Mais au xvre siècle, on les varia aussi pour le genre; puis bientôt l'Académie, adoptant l'opinion des grammairiens de Port-Royal, décida dans sa séance du 3 juin 1679 que l'on ne déclinerait plus lesdits participes quand ils sont verbes, ce qui, en d'autres termes, impliquait le principe suivant : Les mots verbaux en ant sont toujours invariables quand ils sont verbes, et variables quand ils sont adjectifs. Ce principe, si simple dans son énoncé, est souvent difficile dans son application; et vous avez senti comme beaucoup d'autres la nécessité qu'on lui donnát en quelque sorte un commentaire pour en faciliter la mise en pratique. J'ai fait autrefois ce travail, qui a été publié dans ma Langue française enseignée aux étrangers; je vais le reproduire ici à votre intention, en y introduisant, cela va sans dire, les modifications que l'expérience a pu me suggérer depuis. Il arrive de deux choses l'une ou le mot en ant que l'on a à écrire est verbe, ou il ne l'est pas, et comme c'est seulement quand il est verbe qu'il doit rester invariable, il suffit, pour être en état de l'écrire correctement, de savoir reconnaître cette qualité. Maintenant, quand le mot en ant est-il verbe? Je vais vous le dire en m'appuyant sur la construction de la phrase qui le renferme. Les indices qui permettent de reconnaître que le mot verbal en ant est verbe peuvent se puiser à deux sources dans le cortège des mots qui l'accompagnent, et dans les transformations dont est susceptible la phrase qui les contient. Indices fournis par le cortège du mot en ant. On reconnaît que le mot en ant est verbe dans les cas suivants, où se trouvent des mots qui ne peuvent accompagner un adjectif : 1° Quand il a un complément direct, s'il est précédé de l'un des pronoms me, te, se, nous, vous, etc., ou encore d'une négation, ou de l'expression adverbiale ne... que, comme dans : On n'entendait plus les coups des terribles marteaux qui, frappant l'enclume, faisaient gémir les profondes cavernes de la terre. (Fénelon, Télém. II.) Nos braves s'approchant se prennent aux cheveux. (Boileau, Sat. III.) C'est une personne d'un naturel doux, jamais ne regardant, ne contredisant, ne désobligeant. (Bescher, Tr. du Part.) Je méprise ces insectes et ces folliculaires, ne mordant que pour vivre. (Voltaire, Candide.) 2o Quand il est précédé de en signifiant le moyen, la simultanéité, la manière : Les nonnettes sans voix Elles ont fait la route en mendiant. (Bescher, Tr. du Part.) 3o Lorsqu'il est précédé ou suivi d'autres mots en ant accompagnés d'indices qui révèlent un verbe : Ces ennemis des vers, Qui hérissés d'algèbre et bouffis de problèmes, Au monde épouvanté parlent par théorèmes, Observant, calculant, mais ne sentant jamais. (Voltaire, dans la Gramm. nat. p. 671.) 4° Quand il est suivi d'un adverbe ou d'une expression indiquant la manière, le moyen, le temps, comme dans ces exemples: Mais pour mieux réussir, il est bon, ce me semble, Qu'on ne vous trouve point tous deux parlant ensemble. (Molière, dans la Gramm. nat. p. 671.) Seule errant à pas lents sur l'aride rivage, La corneille enrouée appelle aussi l'orage. (Delille, dans la Gramm. nat. p. 673.) Vous verrez la paix renaissant par degrés dans son âme abattue. (Bescher, Tr. du part.) Vit-on jamais tant d'infortunés errant en foule au milieu des flammes! (Th. Gauthier, Constantinople.) 5° Quand il est suivi d'un adverbe de comparaison, comme dans les phrases suivantes : Il est des personnes obligeant plutôt par vanité que par caractère. (J.-J. Rousseau.) Ces deux infortunés, après s'être liés l'un à l'autre, se précipitèrent dans le Rhône, aimant mieux mourir ensemble que vivre séparés. Cité par la Gramm. nat. p. 670.) 6o Enfin, on reconnaît un verbe dans le mot en ant quand il est suivi d'une expression marquant le lieu, l'origine, le but, etc. : Les rayons de la lune, perçant à travers le feuillage, allaient nuancer la verdure, et se jouer parmi les fleurs. (Marmontel, Incas, xxvIII, p. 259.) Voyez ces riants vergers remplis d'arbres qui plient sous le poids de leurs fruits pendant jusqu'à terre. (De Ségur, dans la Gramm. nat, p. 676.) Tous mes sots à l'instant, changeant de contenance, Ont loué du festin la superbe ordonnance. (Boileau, Sat. III.) Ainsi notre amitié triomphant à son tour, Vaincra la jalousie en cédant à l'amour. (Corneille, dans la Gramm. nat. p. 674.) 2o Quand il peut être remplacé par un mode personnel précédé de quoique, attendu que, lorsque, pendant que, ou encore lorsqu'on peut mettre en devant lui: (Idem.) Indices fournis par la transformation de la phrase. On a la preuve que le mot en ant est verbe dans les cas suivants : COMMUNICATION. A la date du 14 courant, j'ai reçu d'Asti (Italie) une 1° Quand il peut se remplacer par après avoir suivi | longue lettre qui peut se résumer en ces termes : du participe passé, comme dans : Les Maures descendant de leurs montagnes parcouraient et pillaient l'Afrique. Les animaux vivant d'une manière plus conforme à la nature, doivent être sujets à moins de maux que nous. (J.-J. Rousseau, dans la Gramm. nat. p. 674.) Les connaissances spéciales ne conviennent guère aux enfants même approchant de l'adolescence. (Idem.) La mer mugissant ressemblait à une personne agitée qui, ayant été longtemps irritée, n'a plus qu'un reste de trouble et d'émotion. (Fénelon, Télém. IV.) Combien de pères, tremblant de déplaire à leurs enfants, sont faibles et se croient tendres! Ces sphères roulant dans l'espace des cieux, Semblent y ralentir leur cours silencieux. (Lemierre, dans la Gramm, nat. p. 675.) on ne pourrait pas dire ces sphères qui sont roulant dans l'espace, on met le mot en ant invariable comme ayant la qualité de verbe. de reconnaître si le mot en ant est verbe ou adjectif, et de l'autre, aux licences autorisées en poésie. Mais je crois qu'en se conformant auxdites règles, on n'écrira jamais les participes présents d'une manière à s'en faire contester sérieusement l'orthographe. ÉTRANGER Il n'est pas rare, certainement, de rencontrer, surtout dans les poètes, des infractions aux règles qui précèdent, ce qui tient, d'une part, à la difficulté qu'il y a toujours Monsieur, Je viens de recevoir, je ne sais comment, votre excellent Courrier de Vaugelas, dont le numéro 4 parle du verbe Rapatrier. Veuillez me permettre de vous dire mon avis sur ce mot, quoique je sois loin d'être profondément versé "dans la langue française. (Domergue, dans la Gramm. nat. p. 670.) 3° Lorsqu'on peut le remplacer par l'infinitif (ce qui patria (but du mouvement susdit). a lieu généralement après les verbes voir, apercevoir el entendre), comme dans ces phrases: On voyait des cordages flottant sur la côte. (Fénelon, Télém.) Nous entendions toute la journée le père et la mère grondant, menaçant, et les enfants criant et sanglottant. (J.-J. Rousseau.) Je vis nos voyageurs approchant du sommet de la montagne. (Cité par Bescher.) 4° Si, étant suivi d'un régime avec l'une des prépositions à, de, en, dans, sur, on ne peut pas mettre qui sont, qui étaient entre lui et le régime de la préposition. Ainsi comme dans ces vers: Je pense avec M. Littré que le verbe rapatrier a été composé de re (particule réduplicative), de à (particule spécifiant l'action du verbe) et de patrie (but de l'action de mouvement); car comment pourrait-on établir clairement la signification d'un verbe composé d'un nom commun et d'une particule ne signifiant rien par elle-même et sans l'attribut qui en doit être la substance? Les langues dérivées, dont les éléments étaient trouvės, devaient naturellement se modifier selon l'esprit et les besoins des nations nouvelles qui les parlaient et se perfectionner de manière à être plus logiques et plus précises. Les langues française, italienne et espagnole ont pris du latin les principaux matériaux qui ont servi à leur formation; mais elles se perfectionnent toujours, comme le mot Rapatrier le prouve. Pour les Latins, ce mot pouvait bien, par convention, signifier retourner à la patrie; mais nous, Italiens, nous n'avons pas voulu lui reconnaître cette signification, sans le modifier en changeant repatriare en rimpatriare, formé der (re, particule réduplicative), de im (préposition in signifiant fin du mouvement, changée en im devant un p) et de Les Espagnols furent plus rigoureux encore, ils supprimèrent entièrement le mot et dirent avec plus de logique Volverse en su patria; ils furent verbeux et précis. Pourquoi la langue française n'aurait-elle pas pu également se fabriquer ainsi quelques mots? Il est bien vrai qu'elle a très peu de vocables semblables; mais céla tient à ce qu'elle préfère la concision, sa qualité dominante, à la précision absolue. Je me propose de faire connaître votre journal à Florence dans l'espoir qu'il y en sera bientôt publié un semblable pour la langue italienne. Agréez, Monsieur, l'expression la plus sincère de ma Je réponds à mon savant correspondant d'Asti : Or, de deux choses l'une; ou la substitution de rapatrier à repatrier (qui a existé en français au moins jusqu'au milieu du XVIIe siècle) est due à l'introduction après coup de la préposition à dans ce verbe, où elle est due à un simple changement dans sa prononciation. Est-elle due à l'introduction d'un nouvel élément dans le verbe repatrier? Ce n'est pas mon avis; car il me semble que, de quelque source qu'ils viennent, les éléments d'un mot composé, dans une langue quelconque, n'augmentent ni ne diminuent, une fois fixés par le génie de la nation qui doit faire usage du vocable à la composition duquel ils contribuent. En conséquence, rapatrier n'est pas le résultat d'un perfectionnement, comme on pourrait le croire; c'est tout simplement, comme je l'ai dit dans mon premier article, une forme corrompue de son prédécesseur. Du reste, cette corruption a sa pareille dans le français du moyen âge. En effet, dans ces temps reculés, le latin rememorare avait donné remembrer à notre langue, verbe dont nos pères avaient tiré deux substantifs, remembrance d'abord et ramembrance ensuite, substantifs aussi souvent employés l'un que l'autre. Or, il est très probable qu'il y eut de même, dans le français moderne, deux formes traduisant le latin repatriare, savoir repatrier et rapatrier, et que cette dernière, la plus fréquemment employée par les bien parlants, l'aura emporté sur sa rivale dans les intéressantes discussions où l'Académie française prépara la première édition de son dictionnaire. Mais, vers le xvre siècle, je crois, ces termes étaient hors d'usage (excepté marâtre, qui nous est resté depuis dans le sens péjoratif); on leur avait substitué beaupère, belle-mère, beau-fils, belle-fille, etc. D'où vient l'adjectif beau qui s'est introduit là? Il a été émis à ce sujet des opinions diverses. Les uns disent qu'il a été accolé aux mots père, frère, fils, etc., et à leurs féminins, dans un esprit de bienveillance, d'adulation; les autres, au contraire, dans un esprit d'ironie. Sans m'arrêter à réfuter de semblables raisons, je passe à la recherche de l'étymologie de beau dans lesdites expressions. Quelle est la signification de cet adjectif? L'adjectif en question a pour équivalent le sens attaché à la finale dtre, du latin aster, qui se joignait aux noms et aux adjectifs pour signifier l'idée de : qui n'a pas son caractère propre, pour en faire un diminutif de la chose ou de la personne (filiaster, qui n'est pas tout à fait le fils; surdaster, qui n'est pas entièrement sourd, etc.); il joue le rôle de stief en allemand (dont l'anglais a fait step), lequel veut dire demi, consanguin, et s'emploie pour marquer une parenté incomplète : Beau-père. Belle-mère. Beau-fils. Stiefvater Stiefmutter Stiefsohn - Maintenant, la langue de nos aïeux a-t-elle jamais possédé un mot ayant la même signification que le suffixe aster et le substantif allemand stief? Oui, l'adjectif bal; car on trouve dans Du Cange que ce mot signifiait faux chez les anciens Français; que balmond, composé du substantif mundius, tuteur, signifiait faux tuteur; que balmonden voulait dire malè tueri rem pupilli, mal administrer le bien de son pupille; et enfin que ballomer, qui se rencontre dans Grégoire de Tours, veut dire faux maître, faux prince. Or, comme la transformation de bal en beau et en belle n'offre aucune difficulté, et que, d'un autre côté, le sens de cet adjectif convient parfaitement à beaupère, qui n'est pas un vrai père, à belle-mère, qui n'est pas une vraie mère, à beau-fils, qui n'est pas un vrai fils, etc., je crois pouvoir en conclure que bal est bien réellement l'étymologie demandée. Seconde Question. Je vous serais obligé si vous vouliez bien m'expliquer la syntaxe de C'est bien assez pour moi DE l'opprobre éternel (Racine, Phèdre) » dans un des prochains numéros de votre journal. Agréez d'avance mes remerciements. Racine a pu mettre ici de parce qu'il a donné à « c'est bien assez pour moi » le sens de «< il me suffit », qui requiert en effet cette préposition avant le sujet réel; mais il aurait pu mettre également que, et voici pour quelle raison : La phrase en question, qui a être pour verbe, présente l'inversion de celle-ci, dont la construction est directe: |