de bien pour vivre, on dit qu'il est heureux COMME UN COQ DANS UN PANIER. Voudriez-vous bien me dire comment vous expliquez cette variante de COMME UN COQ EN PATE? Est-ce une bonne expression? Je sais que les Normands se servent de cette expression à la place de notre comme un coq en pâte; mais il me semble qu'ils emploient là une forme défectueuse, et je vais essayer de vous dire en quoi. Le coq est indispensable dans la ferme, et il est assez difficile de le bien choisir; jugez-en plutôt par les qualités qu'il doit réunir d'après ce passage de Liébaut (Maison rustique du XVIe siècle, p. 68) : Et ne faut point qu'il soit blanc, ny gris, mais ou roux, ou tané, ou noir, le corps bien entassé, la creste bien droicte, vermeille, espaisse, non crénelée, dentelée, ny chiquetée, le col relevé en haut, les mal-heustres et vol des ailes grand, les ouyes grandes et fort blanches, le bec court, gros et crochu, l'œil noir en cercle, roux, ou jaune ou azuré, la barbe à couleur de rose, tirant de blanc en rouge, le plumage du col bien long, doré et changeant, les jambes bien escaillées, grosses et courtes, l'ongle courte et ferme, l'ergot roide et pointu, la queuë droicte, grosse et espaisse, et recrochant sur la tête. Aussi, quand elle croit avoir trouvé cet oiseau rare, la fermière ou la fille de basse-cour lui donnait-elle tous ses soins c'est cet enfant gâté du poulailler (où, comme on sait, les petits poulets sont couvés dans des paniers d'osier) qui a servi de terme de comparaison pour parler d'une personne objet de toutes les attentions de ceux qui l'entourent : Ils lui envoyoient mille présents, comme gibiers ou flacons de vins, et ces femmes lui faisoient des moucadous et des camises. Il estoit traité comme un petit coq au panier. (Des Périers, Contes, LXI.) C'est donc mal s'exprimer que de dire comme un coq dans un panier au lieu de comme un coq en pâte; il faut petit coq dans la phrase, les coqs devenus grands n'étant plus gardés dans un panier; et de plus, il y faut au panier, ce qui signifie, non dans un panier quelconque, mais bien dans le panier où le coq a dû naître et où il a été élevé un petit coq au panier, comme on dit un enfant au berceau. Quatrième Question. Quel est le véritable nom d'une sauce bien connue des ménagères, MAYONNAISE, MAGNONNAISE OU MAHONNAISE? L'étymologie de ce nom, si vous voulez bien la faire connaitre à vos lecteurs, permettra de se prononcer. Les 3 orthographes et les 3 prononciations seraientelles valables et accréditées au même titre, l'une d'elles est-elle préférable aux autres, qui demeureraient cependant correctes, ou n'y en a-t-il qu'une seule de bonne? Quoiqu'il m'ait été impossible de découvrir l'étymologie de mayonnaise, je crois cependant pouvoir vous dire celui des trois qualificatifs qui me semble le meilleur pour la sauce dont il s'agit. D'après quelques-uns, le nom de cette sauce viendrait de celui de Mahon, ville prise par nos troupes sous le commandement du maréchal de Richelieu. Je ne puis être de cet avis pour la raison qui suit : En 1755, il a été publié à Paris, par Menon, un ouvrage de cuisine intitulé Les Soupers de la Cour, ouvrage qui eut une autre édition en 1778, dans l'avertissement de laquelle l'auteur dit : Je me borne dans celui-ci à représenter le progrès qu'a fait de nos jours l'art de la cuisine. Or, il n'est fait aucune mention de sauce mayonnaise dans cet ouvrage, ce qui ne serait certainement pas si Mahon, repris sur les Anglais en 1756, avait donné son nom à une nouvelle sauce. Maintenant, faut-il dire sauce mayonnaise ou sauce magnonnaise? A la vérité, la Cuisinière de la campagne et de la ville (édit. de 1874) écrit magnonnaise; mais comme Beauvilliers et Viard, placés plus près de l'origine, écrivaient mayonnaise, je crois que cette dernière forme doit l'emporter sur l'autre. Quelques jalons pour ceux de mes lecteurs qui auraient la patience et le temps de poursuivre plus loin que moi les recherches sur l'étymologie de sauce mayonnaise. Cette expression date du commencement de notre siècle; je l'ai trouvée écrite pour la première fois dans Beauvilliers (Art du cuisinier, vol. I, p. 66). Toutefois, ce ne serait pas avec sauce que mayonnaise se serait employé d'abord; ce serait avec poulet, comme on le voit dans Viard (Cuisinier impérial, 1806); on aurait dit primitivement poulet en mayonnaise comme on a dit et comme on dit encore poulet en daube. Cette similitude de construction pourra peut-être mettre sur la voie d'une étymologie qui a été vainement cherchée jusqu'à ce jour. X Cinquième Question. D'où vient le nom composé COURTE-POINTE, une coul'aspect d'une pointe, et d'ailleurs il n'y en a aucun, verture de lit? L'objet désigné par ce nom n'a pas l'aspect d'une pointe, et d'ailleurs il n'y en a aucun, dans l'ameublement, qui soit nommé LONGUE POINTE. Ce nom vient du latin culcita puncta, qui veut dire mot à mot couverture piquée; et voici comment culcita a été transformé en courte, dans cette expression. Du terme culcita on a fait d'abord coulte, qui se trouve dans l'inventaire des meubles de Charles V, imprimé à la fin de la vie de ce monarque écrite par l'abbé de Choisy (p. 543): Une chambre de veluau, azurée à fleurs-de-lis, garnie de ciel, de dossier, de coulte pointe, etc. La consonne n'étant pas prononcée dans ce mot (comme dans coulpe et dans coultre), et donnant probablement à cou un son long, on substitua à la consonne s, qui servait le plus souvent à marquer une syllabe longue, et l'on eut ainsi couste, qui se trouve en effet dans maints auteurs: De floretes lor estendoient Les couste pointes, qui rendoient Tel resplendor par ces herbaiges. (Rom, de la Rose, vers 8462, id. Méon.) Pareillement defend ladite chambre à toutes personnes... et aussi de transporter ou faire transporter d'une maison... aucuns lits, landiers, coustes pointes, draps de laine, etc. (Félibien, Hist. de Paris, t. III, p. 608, col. 1.) Par une légère corruption dans la prononciation, le ou de couste devint bref, et l'on supprima l's, ce qui donna coute, comme dans les exemples suivants : Encore i faut-il coute pointes, Sarges, oreillers biaus et cointes Pour lit couvrir. (Choses qui faillent en ménage.) Entrementes que Philippe [d'Ostende] dormoit sur une coule pointe, delez le feu de charbon en son pavillon. (Froissart, II, II, 192.) Enfin, arrivé à cette forme, on y aura introduit une r, par ignorance, comme on l'avait fait déjà dans d'autres mots (fronde, de funda, par exemple), et l'on a eu ainsi courte-pointe, singulier nom composé, où la partie qui semble être l'adjectif (courte) est un substantif, et où celle qui semble être un substantif (pointe) est réellement un adjectif. ÉTRANGER Première Question. Pourquoi dans FRANC DE PORT écrit-on FRANC invariable quand cette expression est placée devant le substantif, et variable, quand elle est placée après ? L'expression franc de port, qui a été introduite en français par J.-J. Rousseau, il me semble, avail été écrite ainsi qu'il suit par ce célèbre écrivain dans ces deux phrases, citées par la Grammaire nationale, p. 215 : J'ai reçu franc de port une lettre anonyme. Le Contrat social est imprimé, et vous en recevrez douze exemplaires francs de port. Tout ce qui s'occupait de politique à la fin du XVIII° siècle avait lu Rousseau, et connaissait, cela va sans dire, les phrases ci-dessus. Quand la Révolution éclata, elle donna naissance à une foule de journaux (on estime que de 1789 à 1800 il en fut créé près de 750), lesquels indiquaient avec soin les conditions qu'ils mettaient à la réception des lettres, des paquets, etc., envoyés par le public; d'où franc de port souvent placé au dos ou en tête de presque toutes ces feuilles, et, par conséquent, promptement popularisé. Relativement à son orthographe, les journalistes adoptèrent celle de Rousseau, comme le montrent ces exemples: (Avant le substantif) C'est au bureau général du rédacteur, rue de Bondy, n° 47, qu'il faut adresser franc de port les demandes et les abonnements. (La Feuille du jour, no du jeudi 2 déc. 1790.) C'est également au bureau qu'il faut adresser franc de port tous les avis, lettres, nouvelles ou renseignements qu'on veut faire insérer dans le journal. (La Cocarde nationale, vol. I, p. 292.) (Après le substantif) Tous les avis, mémoires ou paquets seront adressés francs de port au sieur Belin, libraire rue Saint-Jacques. (Gazette de Paris du 21 janvier 1790.) L'expression adverbiale tête baissée signifie avec résolution, et a l'origine suivante, si je ne me trompe : Au moyen âge, quand les hommes de guerre en vinrent à porter des bassinets à visière (partie du casque susceptible de se lever et de s'abaisser), ils durent, en allant au combat, pencher la tête en avant pour éviter les traits qui pouvaient les atteindre par cette ouverture; on trouve la preuve de ce fait dans le passage ci-dessous que j'emprunte à Monstrelet (liv. I, p. 375, col. 2): trice avec l'air d'un bon chien fidèle. » Voilà une phrase trouvée dans le SALON DE 1879 par Théodore de Banville, et le mot HIRSUTE n'est pas dans la dernière édition de l'Académie. Auriez-vous la complaisance de me l'expliquer dans un prochain numéro ? L'adjectif hirsute vient du latin hirsutus (forme primitive hirsus) qui signifie velu, rude, hérissé : Castanea hirsuta (châtaigne armée de piquants). Hirsuta barba (barbe hérissée, épaisse). Il s'employait au figuré dans le sens de rude, grossier, sans aucun ornement. Cet adjectif a passé dans les langues dérivées du latin; mais il ne s'est pas employé dans toutes de la même manière le portugais et l'espagnol se servent de hirsuto, poétiquement, dans le sens de velu, hérissé, rude; en italien, irsuto, d'après le Nouvel Alberti, ne se dit qu'au propre; et chez nous, si j'en juge d'après les dictionnaires de Bescherelle, de Poitevin et de Littré, il n'a été admis jusqu'ici que comme terme de botanique: partout ailleurs, on se sert de hérissé, qui, du reste, signifie absolument la même chose. En conséquence, je suis d'avis que, dans la phrase citée, M. Théodore de Banville aurait dû dire tout simplement: << Narcisse, ses cheveux rouges et tout hérissés ». J'adopte très volontiers un néologisme qui répond à une idée nouvelle; mais je protesterai toujours contre l'introduction d'un nouveau terme qui sera seulement le synonyme d'un autre que nous aurons déjà. X Quatrième Question. Pourquoi donnez-vous à certain fromage le nom de CAMEMBERT? Mes remerciements d'avance. En 1791, une fermière de Normandie, Marie Fontaine, femme Hamel, préparait pour la première fois un fromage tout nouveau qu'elle vendit d'abord sur place, et, les jours de marché, à Argentan. Or, comme Mme Hamel exploitait avec son mari une ferme située dans la commune de Camembert, près de Vimoutiers (Orne), ce fromage s'appela naturellement fromage de Camembert, en vertu de cette loi que j'ai déjà signalée, loi qui donne à beaucoup de produits le nom du lieu où ils sont fabriqués. PASSE-TEMPS GRAMMATICAL. Corrections du numéro précédent. 1. Sauriez-vous me dire, demanda le vieux Breton (le verbe interroger ne peut avoir pour régime direct la chose demandée); 2°... de ces petits propriétaires ayant laissé le comptoir qui s'essouflent (voir Courrier de Vaugelas, 2o année, p. 13, la critique de En rupture de lycée); 3° où les maisonnettes surplombent la mer (surplomber veut pour régime direct le nom de la chose au-dessus de laquelle une autre s'avance); 4° comme n'atteignant pas le but désiré (on remplit des conditions, mais on ne remplit pas un but); 5... résolut de l'envoyer, sans autre forme, chercher fortune (le verbe expédier ne se construit pas avec un infinitif pour régime); 6o et que l'Opéra populaire dût être (l'imparfait du subjonctif comme dans fût); - 7... d'hommes politiques, voire des ennemis de la République (je dis, dans le premier article de ce numéro, pour8° quoi je préfère voire à voir meme); dans leur fonction grammaticale n'altèrera absolument en rien la nature des maladies; 9° Guérit-elle, oui ou non? demanda le représentant du fisc. Elle guérit, dit le bon père en soupirant. (Voir Courrier de Vaugelas, 5° année, p. 51, où je démontre qu'il n'est pas permis d'employer certains verbes pour le verbe dire suivi de en et du participe présent de ces mêmes verbes. ... 1 Certes, l'Université s'est donné un mal prodigieux jusqu'à cette heure, pour ne pas appeler un chat un chat, et un crime un crime. BIOGRAPHIE 6 Tandis que si un Anglais, de si mince importance qu'il soit, est molesté quelque part, de suite on en fait une interpellation au parlement et aussitôt un navire de guerre est expédié pour régler les différents. 7° J'ai habité si longtemps la côte d'Afrique, que je suis encore sous l'influence des habitudes des contrées tropicales, c'est-à-dire mi-sauvages. 8° On ne va à son but qu'à travers des adieux incessants. Tu nous quitteras, ta sœur et moi, qui sont ta seule famille actuelle... tu peux bien quitter des amitiés moins chères... (Les corrections à quinzaine.) FEUILLETON. DES GRAMMAIRIENS PREMIÈRE MOITIÉ DU XVIII. SIÈCLE Pierre RESTAUT. Ce grammairien, qui était fils d'un marchand drapier de Beauvais, naquit dans cette ville en 1696. Il étudia d'abord au collège de son pays, et s'y fit remarquer par son application et ses progrès. Il vint ensuite à Paris, et, ses parents le destinant à l'état ecclésiastique, il entra au séminaire de Saint-Sulpice; mais il y renonça quelque temps après, et passa au collège Louis-le-Grand, où il fut chargé de veiller à l'éducation de quelques enfants de famille. Le séjour qu'il fit dans cette maison, qui était dirigée par les Jésuites, le mit en relation avec les PP. de la Rue, Buffier, Ducerceau, Sanadon, Porée et d'autres membres célèbres de la Société. Ce fut néanmoins pendant qu'il y demeurait qu'il traduisit du latin en français un petit ouvrage intitulé Monarchie des Solipses, 1721, in-12. C'est une satire allégorique du gouvernement des Jésuites, qu'on a quelquefois attribuée au P. Inchofer. Après sa sortie du collège Louis-le-Grand, Restaut se livra à l'étude de la jurisprudence, et fut reçu avocat au Parlement, puis aux Conseils du Roi, en 1740. « Je voudrois, lui dit à cette occasion le chancelier d'Aguesseau, trouver toujours des sujets semblables à vous. » Restaut a composé quelques mémoires écrits avec clarté et précision. Mais l'ouvrage qui lui a fait le plus de réputation est sa grammaire, publiée en 1730, sous le titre de Principes généraux et raisonnés de la grammaire françoise, par Demandes et par Réponses, et à laquelle il ajouta, en 1732, un Traité de la Versification. Restaut a revu la 4o édition du Traité de l'orthographe françoise en forme de dictionnaire, imprimé à Poitiers en 1764; et, au moment de sa mort, il s'occupait à retoucher le Dictionnaire de Trévoux. Cet ouvrage, entrepris d'après le vœu du célèbre Rollin, fut accueilli avec empressement l'Université l'adopta comme classique, et il s'en fit neuf éditions pendant la vie de l'auteur. L'abrégé qu'il en publia lui-mal expliquées, que tout le fruit qu'ils en remportent même, en 1732, en faveur des commençants, et qui pour l'ordinaire se réduit à une routine de mots où la servit à l'éducation des Enfants de France, eut aussi mémoire a beaucoup plus de part que le jugement. beaucoup de succès. L'expérience ne confirme que trop cette vérité, et l'on voit souvent des écoliers de rhétorique qui se trouvent embarrassés dès qu'on leur fait quelques questions sur les premiers principes de la Grammaire; et cela, sans doute, parce qu'ils n'en ont jamais fait une étude méthodique. Il est encore plus ordinaire d'en trouver qui n'ont aucune connaissance des règles de la langue française, et qui, en écrivant, pèchent contre l'Orthographe dans les points les plus essentiels; en sorte que, s'il leur arrive de parler ou de composer correctement dans l'une et l'autre langue, on peut dire que c'est le plus souvent plutôt un effet du hasard et de l'habitude que de la connaissance des principes. Restaut mourut à Paris le 14 février 1764. Je n'analyserai pas la grammaire de Pierre Restaut; mais je reproduirai en partie sa Préface, pour faire connaître à mes lecteurs l'état dans lequel se trouvait chez nous l'enseignement de la langue française à la fin du premier tiers du XVIIIe siècle. C'est dans le dessein de prévenir ces inconvénients que Restaut a entrepris ce petit ouvrage, que l'on ne doit pas mettre au nombre de ces méthodes systématiques et de ces plans singuliers, tels qu'on en voit quelquefois paraître, qui n'aboutissent pour la plupart qu'à faire connaître à leurs auteurs que ce qui paraît beau et aisé dans la spéculation ne l'est pas toujours dans la pratique. Le raisonnement seul ne suffit pas pour l'étude d'une langue. Il faut encore que la mémoire se charge et se remplisse d'un grand nombre de mots et de combinaisons différentes dont la connaissance ne s'acquiert que par un exercice continuel, et ne peut être du ressort d'aucune mécanique. L'auteur convient néanmoins qu'on peut abréger cette étude; mais il en fait consister tout le secret dans l'arrangement et dans l'explication raisonnée des principes, parce qu'il est certain que les choses ne s'apprennent qu'autant qu'on les conçoit avec netteté. Voilà le plan sur lequel il a travaillé en quelque sorte à l'instigation de Rollin, qui pensait que la méthode la plus courte et la plus solide d'apprendre une langue est de s'y préparer par une connaissance exacte et raisonnée des principes généraux et particuliers en les appliquant à celle que l'on sait par habitude. (La suite au prochain numéro.) LE RÉDACTEUR-Gérant: Eman MARTIN. Le but de l'auteur n'a point été de donner une grammaire française complète. Nous en avons d'excellentes, et qui ne laissent presque rien à désirer pour la connaissance parfaite du génie et des beautés de la langue. Son objet a été de travailler pour ceux qui ne l'ont jamais apprise par règles, et surtout pour les jeunes gens que l'on destine à étudier la langue latine. Il lui semble que la lenteur des progrès qu'ils y font ordinairement pourrait être attribuée à l'ignorance des principes qu'il entreprend de développer. ne sera plus besoin que d'une légère attention pour observer en quoi les deux langues, celle que l'on sait et celle que l'on apprend, se ressemblent ou different l'une de l'autre. Il y a dans chaque langue deux espèces de principes. Les uns sont généraux et communs à toutes les langues, parce qu'ils sont pris dans la nature même des choses et dans les différentes opérations dont l'esprit de l'homme est capable; tels que sont les définitions et l'usage des noms, des verbes et la plupart des autres parties du discours. Les autres principes sont ceux qui ne regardent que les mots ou la manière de s'exprimer, et qui sont propres à chaque langue en particulier. Dès qu'un jeune homme possède par raisonnement ce que les langues ont de commun entre elles, et sait expliquer dans la sienne, par des définitions précises, tous les termes et toutes les difficultés grammaticales, que lui reste-t-il à faire pour passer à une langue étrangère, sinon de substituer de nouvelles expressions à celles dont il connaît déjà la valeur et la nature? Ce ne sera plus alors qu'un jeu de mémoire. Le jugement et la réflexion auront fait leurs plus grands efforts, et il Il s'en faut bien que les jeunes gens trouvent cette facilité dans la méthode qu'on leur fait suivre ordinairement (1730). A peine savent-ils lire, que, sans leur avoir donné aucune notion de leur langue naturelle, on les met tout d'un coup dans les principes d'une langue qui leur est absolument étrangère, et dont ils ne parviennent à entendre les règles qu'après bien des années de peines et de travaux. D'ailleurs, quels livres leur met-on entre les mains pour étudier les principes de la langue latine? Des rudiments qui, pour la plupart, sont si peu méthodiques, et où les définitions des termes sont si peu exactes et si BIBLIOGRAPHIE OUVRAGES DE GRAMMAIRE ET DE LITTÉRATURE Publications de la quinzaine : Les Forestiers du Michigan; par Gustave Aimard et J. B. d'Auriac. In-18 jésus, 231 p. Paris, Degorce-Cadot. 1 fr. 25. Nous marions Virginie; Timoléon Polac les yeux au bout d'un bâton; par Eugène Chavette. In-18 jésus, 319 p. Paris, lib. Dentu. 3 fr. Une femme entre deux crimes; Marthe et Madeleine; par la comtesse Dash. In-18 jésus, 298 p. Paris, lib. C. Lévy. 3 fr. 50. Apologie pour Hérodote, satire de la société au XVIe siècle; par Henri Estienne. Nouvelle édition faite sur la première et augmentée de remarques, par P. Ristelhuber. Avec trois tables. 2 vol. in-8°, XLVIII-939 p. Paris, lib. Liseux. 25 fr. Guillaume de Tyr et ses continuateurs; texte français du XIe siècle, revu et annoté par M. Paulin Paris, membre de l'Institut. T. I. Grand in-8°, XXVII-565 p. et 4 cartes. Paris, lib. Firmin-Didot et Cie. Œuvres de Jules de la Madelène. Le Marquis de Saffras. Petit in-12, x-429 p. et portrait. Paris, lib. Lemerre. 6 fr. Origine et développement de la religion étudiés à la lumière des religions de l'Inde, leçons faites à Westminster-Abbey; par F. Max Muller. Traduit de l'anglais par Darmesteter. In-8°, xv-347 p. Paris, lib. Reinwald et Cie. 7 fr. Le Pays de l'honneur; par le général Ambert. In-18 jésus, 381 p. Paris, lib. Chaix et Cie. La Grande vie. La Préférée; par Edouard Cadol. In-18 jésus, 357 p. Paris, lib. C. Lévy. Cours de langue française avec de nombreux exercices empruntés aux meilleurs écrivains; par B. Berger, inspecteur de l'enseignement primaire à Paris. II. Degré intermédiaire. 4° édition, revue et corrigée. In-12 jésus, 216 p. Paris, lib. Delagrave. 1 fr. 25. Histoire populaire de la Révolution française; par Mme Ernest Duvergier de Hauranne. In-18 jésus, vi284 p. Paris, lib. Germer Baillière et Cie. 3 fr. 50. Le Grand Dieu et les Petits dieux, ou la Grande et les Petites religions; par Edouard Féraud, docteur en médecine. In-18 jésus, xx-503 p. Paris, lib. des Sciences Sociales. 4 fr. Études militaires historiques. L'Art de la guerre chez les anciens; par E. Hardy, capitaine adjudantmajor au 130 régiment d'infanterie. In-8°, 180 p. avec vign. Paris, lib. Dumaine, 4 fr. Euvres complètes de P. Lanfrey. L'Église et les Philosophes du XVIII siècle, avec une étude biographique par M. de Pressensé. In-18 jésus, LXXX-374 p. et autographe. Paris, lib. Charpentier. 3 fr. 50. Le Fer rouge; par Pierre Zaccone. In-18 jésus, 338 p. Paris, lib. Dentu. 3 fr. Vie d'Oberlin; par Frédéric Bernard. 2o édition, in-18 jésus, 220 p. Paris, lib. Hachette et Cie. 1 fr. 25. Publications antérieures : - UN MARTYR DE LA PATRIE. Recherches sur Ringois d'Abbeville. · Par le Vie OSCAR DE POLI. — Paris, | E. Dentu, libraire-éditeur, Palais-Royal, 15-17-19, Galerie d'Orléans. Prix : 3 fr. Paris, librairie 14 francs. |