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en est besoin, en changer les temps, et les accommoder, pour ainsi dire, à leur usage: Et c'est ce qu'on a fait voir en parlant des responses aux interrogations.

Que si cela a lieu dans une response à une interrogation, comme on ne peut pas en douter, il doit l'avoir de mesme dans un discours continu; et pour en convaincre par des exemples d'autres particules, qui ne puissent estre contestez. Si dans la premiere phrase, Je l'aimerois, si son inconstance ne la rendoit indigne de l'estre, on veut se servir de la particule en, au lieu de la particule le et dire, si son inconstance ne l'en rendoit indigne; il est certain que la particule en, qui se rapporte à je l'aimerois, ne peut s'y rapporter qu'en changeant entierement le temps du verbe, et le transposant au participe; car dans ne l'en rendoit indigne, en ne peut vouloir dire autre chose, sinon ne la rendoit indigne d'estre aimée. Et cela estant, pourquoy la particule relative le n'aura-t-elle pas le mesme privilege de changer le temps du verbe auquel elle se rapporte.

Pour ne point sortir de ce qui regarde cette particule, je viens au second exemple, Je le traileray comme il merite de l'estre; et je dis que ce seroit une espece d'affectation vicieuse de dire comme il merite d'estre traité: parce que de l'estre le dit suffisamment, et d'une façon plus abbregée. Et pour faire voir qu'il le dit conformément aux regles de la Grammaire et de l'Usage; c'est qu'au lieu de dire, comme il merite de l'estre, on peut tres-bien dire, comme il le merile. Or dans cette phrase qui est tres-Françoise, je demande si comme il le merite, veut dire autre chose que comme il merite d'estre traité; et cela estant, comment peuton douter que la particule le n'ait la prérogative de changer le temps du verbe auquel elle se rapporte. Il suffiroit mesme de dire comme il merite, les ellipses, aussi-bien que les particules relatives, ayant la vertu de faire que ce qu'on supprime, soit entendu comme il devroit l'estre, s'il estoit énoncé tout du long.

Tout ce qu'on vient de dire des deux premiers exemples, peut s'appliquer facilement au troisième, Il n'est pas permis de condamner aprés leur mort ceux qui ne l'ont pas esté pendant leur vie. Car pourquoy la particule le n'opereroit-elle pas dans cet exemple, ce que suivant le génie de la Langue elle opere dans les autres. Ce n'est pas qu'on ne puisse faire des phrases, où au lieu d'employer la particule relative le, on feroit mieux d'exprimer tout du long tous les termes ausquels elle a accoustumé de suppléer mais les remarques qu'on vient de faire, n'en sont pas pour cela moins fondées. Il n'y a presque point de regles si infaillibles dans la Langue, que quand on vient à l'application, il ne faille quelquefois consulter l'oreille.

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1° Comme la rocambole réveille l'appétit, on a appelé de son nom, au figuré, ce qu'il y a de plus piquant dans quelque chose, dans quelque affaire :

A tout péché la loi qui l'interdit Est un attrait, est une rocambole.

(Du Cerceau, Poésies, la Nouv. Eve.) Le souvenir les peines passées est la rocambole des plaisirs présents.

(Legrand, Fleuve d'oubli, sc. s.)

Or, la rocambole, c'est l'échalotte ou la gousse d'ail qui rehausse le récit dont elle est l'assaisonnement rusticomoral.

(De la Landelle, Langage des marins, p. 107.) La requête civile est la rocambole des procès. (Furetière, Dictionn.)

2o Au dire de Richelet (1727), le petit peuple de Paris n'aimait << rien tant que la rocambole », et un tel goût ayant probablement fait donner une grande extension à la culture de cette plante potagère, il en résulta qu'elle se vendit à un très-bas prix, circonstance qui fit de rocambole un synonyme de chose sans valeur, comme dans cet exemple :

Mais ta loi sociale est une rocambole,

Et Fourier n'est qu'un âne à côté de Chambolle. (Th, de Banville, cité par P. Larousse.)

Rocambole a encore deux autres acceptions, celle de << promesse en l'air qu'on sait ne devoir pas être tenue », donnée par le Dictionnaire de la langue verte, et celle de reste, qui ressort d'un exemple fourni par M. Littré. Je m'explique la première : une promesse en l'air étant une chose sans valeur, on a pu la qualifier de rocambole; mais je n'ai pu découvrir la raison de la seconde.

X

Seconde Question.

Je ne puis parvenir à m'expliquer comment on a pu être amené à dire en parlant d'un mauvais vin, d'un vin guinguet, que c'est UN VIN A FAIRE DANSER LES CHÈVRES. Pourriez-vous me donner cette explication, que je n'ai jusqu'ici trouvée nulle part?

Aujourd'hui, quand on veut conserver le vin ou le transporter, on le met dans des tonneaux. Mais pendant longtemps, il n'en fut pas ainsi; on le mit dans des outres, c'est-à-dire dans des sacs faits de peaux de

chèvres.

Voici quelques attestations de cet usage, recueillies dans Legrand d'Aussy (Vie privée des Français) :

1° Originairement les Grecs et les Romains n'eurent, pour conserver et transporter leurs vins, que des vases en terre ou des outres.

2o Les outres étaient très-usitées, puisque Charlemagne, dans un de ses Capitulaires, défend à ses économes de s'en servir. Il veut qu'ils emploient de bons barils | (bonos barridos) cerclés en fer.

3o Pierre de Blois, déclamant au XIIe siècle contre le luxe des chevaliers, représente ces militaires conduisant, dans les armées, des chevaux chargés d'outres de vin, et de tous les ustensiles qui annoncent la gourmandise et l'ivrognerie.

4o Au repas que Philippe-de-Valois donna aux rois d'Écosse, de Majorque, de Bohême et de Navarre, « il n'y avoit, sur le dressouer royal, dit le Songe du vieux Pélerin, aultre vaisselle d'or ne d'argent, fors que tant seulement un oultre de cuir, ouquel oultre estoit le vin du Roy et des princes et Roys qui seoyent à table ».

5o Olivier de Serres (XVIe siècle) dit que, dans quelques provinces, on se servait d'outres pour transporter les vins d'une localité dans une autre.

Or, attendu qu'on ne transportait que les bons vins, et que plus il y en avait de cette qualité, plus il fallait sacrifier de chèvres pour se procurer des outres, on aura dit d'un mauvais vin que c'était un vin à faire danser les chèvres (sous-entendu de joie), parce que, se buvant sur place, il épargnait la vie à un certain nombre de ces quadrupèdes.

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La poussière et la boue s'accumulant dans ce que les premiers constructeurs de chemins de fer nommaient ornière plate, ce qui nuisait considérablement au tirage et faisait ainsi disparaître une grande partie des avantages qu'offraient les voies ferrées, on imagina un rail à bande saillante, le seul dont on fasse usage aujourd'hui pour les grandes lignes destinées au transport des hommes et des marchandises; puis, attendu que les roues des wagons passaient naturellement sur cette bande, et que la trace d'une roue s'appelle ornière, on a étendu ce nom à la partie en relief du nouveau rail, laquelle a été désignée par l'expression ornière saillante :

Cependant, on sentit bientôt l'avantage de construire des chemins à ornières saillantes comme nous les avons aujourd'hui.

(Noël et Carpentier, Dict. des orig., inv. et déc.)

Les barres [rails] sont planes ou arrondies en dessus pour être reçues dans une gorge ménagée sur tout le contour de la roue. Ces bandes forment une ornière étroite et saillante.

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annuelle, qui commençait le 11 juin, était célèbre dans toute l'Europe, et attirait un concours de marchands dont on peut se faire une idée, en lisant dans Barbazan (vol. II, p. 304) le Dit du lendit rimé, où un poète a chanté les merveilles de cette foire:

En l'ouneur de Marchéandie
M'est pris talent que je vous die,
Se il vous plaist, un nouvel Dit.
Bonne gent, ce est du Lendit,

La plus Roial Foire du monde.

Toutes les semaines, il se tenait à Saint-Denis un marché pour la vente de la guède, plante tinctoriale que nous appelons maintenant pastel.

Le grand débit qui se faisait de cette plante à SaintDenis avait valu à l'endroit où elle se vendait, le nom de Marché aux guèdes.

Au temps de la Terreur, ce marché devint la Place de la Montagne. Sous le Consulat, l'écrivain du tableau. indicatif des rues, ne comprenant pas la signification de guède, changea ce mot en celui de guêtre, et, en 1806, les habitants de Saint-Denis purent s'étonner à bon droit d'avoir une place s'appelant le Marché aux guétres.

L'auteur du Glossaire de la langue romane, M. de Roquefort, écrivit à ce sujet au sous-préfet; mais il faut que ce fonctionnaire n'ait pas trouvé l'ancienne appellation de son goût, car il se contenta de faire remplacer quêtres par gueldres; de sorte que, une nouvelle correction n'étant pas survenue depuis, la ville de Saint-Denis est restée avec une Place aux Gueldres qui vous a suggéré la question à laquelle je suis très-heureux de pouvoir enfin répondre.

ÉTRANGER

Première Question.

Veuillez bien, dans un de vos prochains numéros, me dire pourquoi les adjectifs en AL (comme PRINCIPAL) ne doublent pas la consonne au féminin comme ceux en EL et en ET. Je n'en trouve nulle part la solution, et je vous remercie d'avance de l'explication que vous voudrez m'en faire.

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Bien puet sa crois garder et estoïer,
Qu'encor l'a-il tele qu'il l'emporta.

(Quenes de Bethune, Romancero, p. 104.) Touz jours m'est plus s'amours fresche et novele. (Couci, II.)

(Féminins d'adjectifs en et) Ceulz desquelz la nature est trop replete et mal disposee. (Oresme, Est. 220.)

Et s'est encore si chetivete,
Si tres haingre, si tres megrete.

(Gautier de Coincy, p. 571.) Que tes mains soient netes de tout gaaing oultre le loier dou commun [le salaire alloué par la commune].

(Brunetto Latini, Trésor, p. 613.)

Quand vint le temps où les adjectifs en al furent assujétis à la règle du féminin suivie par les autres adjectifs, on y ajouta simplement un e muet, et ils n'ont pas varié depuis lors, probablement parce qu'on a trouvé que ale peignait suffisamment bien l'a bref qui termine le masculin de ces adjectifs.

Mais il n'en a pas été de même pour ceux en el et en et. Quand la voyelle e entre dans une syllabe dont / ou t est la dernière lettre, cette voyelle a le son ouvert, et cela peut fort bien ne pas avoir lieu quand elle est la dernière lettre d'une syllabe. Pour lui conserver exaclement le son qu'elle a dans l'adjectif masculin, on a doublé les finales et t, ce qui mettait ainsi l'e dans une situation toute semblable à celle qu'il avait dans le masculin de l'adjectif.

Or, ce féminin des adjectifs en el et en et, qui a commencé pour quelques-uns d'entre eux vers le xive siècle, et qui était accompli dans la plupart au xvi, a été adopté par la langue moderne; et voilà pourquoi, si je ne me trompe, les adjectifs en al, comme principal, qui se sont toujours féminisés d'après la règle primitive, ne doublent pas la consonnel, tandis que ceux en el et en et la doublent, eux, à l'exception de quelques-uns.

X

Seconde Question.

Permettez-moi de recourir à votre estimable COURRIER pour vous demander l'explication (historique?) de l'expression SAUTE, MARQUIS. Ni Bescherelle, ni Littré n'en font mention, et l'explication que j'en ai trouvée dans un lexique français-hollandais me semble si peu probable que je me suis décidé à prendre la liberté de m'adresser à vous.

Cette expression s'emploie pour exprimer la satisfaction que l'on prête à une personne qui s'en fait ridiculement accroire sur son mérite, ses talents, son crédit; en voici un exemple :

Ce marmot commande à la Grèce, disait Themistocle en parlant de son fils; il gouverne sa mère, sa mère me gouverne, je gouverne Athènes, et Athènes gouverne la Grèce. Il paraît que le nommé Boucher s'était flatté de commander de même à la France. Je mènerai Bailly par le nez, Bailly adressera de belles lettres circulaires aux districts et gouvernera la capitale, la capitale gouvernera les provinces, et moi Boucher, ci-devant porte-sac, je me trouverai tout-à-coup milord protecteur des quatre-vingts départements Saute, marquis!

(Camille Desmoulins, cité par P. Larousse.)

Quant à l'origine de ladite expression, elle se trouve dans le Joueur de Regnard, où un faux marquis (acte IV, sc. 10) s'en sert jusqu'à trois fois pour applaudir aux qualités imaginaires qu'il admire dans sa solte personne :

Eh bien ! marquis, tu vois, tout rit à ton mérite,
Le rang, le cœur, le bien tout pour toi sollicite ;
Tu sais être content de toi par tous pays :
On le serait à moins. Allons, saute, marquis.
Quel bonheur est le tien! Le ciel, à ta naissance,
Répandit sur tes jours la plus douce influence;
Tu fus, je crois, pétri par les mains de l'Amour :
N'es-tu pas fait à peindre? Est-il homme à la cour
Qui de la tête aux pieds porte meilleure mine,
Une jambe mieux faite, une taille plus fine?
Et pour l'esprit, parbleu! tu l'as des plus exquis :
Que te manque-t-il donc? Allons, saute, marquis.
La nature, le ciel, l'amour et la fortune
De tes prospérités font leur cause commune;
Tu soutiens ta valeur avec mille hauts faits;
Tu chantes, danses, ris mieux qu'on ne fit jamais ;
Les yeux à fleur de tête et les dents assez belles,
Jamais en ton chemin trouvas-tu de cruelles ?
Près du sexe tu vins, tu vis et tu vainquis;
Que ton sort est heureux! Allons, saute, marquis.

Le Joueur de Regnard ayant été représenté pour la première fois le mercredi 19 décembre 1696, l'allusion littéraire Saute, marquis ne peut guère compter plus de 180 ans d'existence dans la langue.

X

Troisième Question.

Peut-on dire à volonté : « C'est a vous a PARLER, OU C'est a vous de parler » ? ou bien y a-t-il une différence de sens entre ces deux expressions? Je désirerais bien connaître votre opinion à ce sujet.

Les formules c'est à vous à et c'est à vous de sont en usage toutes deux, et n'offrent, à mon avis, aucune différence quant à leur signification, double fait qui ressort des exemples suivants :

(Emploi de c'est à... à.)

C'est au prince à juger ses ministres.

(D'Ablancourt, dans Bouhours.) Et ce n'est pas à vous à me croire inflexible. (Voltaire, Alzire, IV, a.) C'est à eux à déterminer, s'il est possible, quelle gradation observe notre âme dans ce premier pas qu'elle fait hors d'elle-même.

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tournures me semblent aussi bonnes l'une que l'autre j'estime au contraire que la seconde est bien préférable à la première, comme étant la seule dont on puisse rendre grammaticalement compte.

En effet, dans les phrases construites à l'instar des précédentes, l'impersonnel il appartient (mis pour il est de convenance, de devoir) est sous-entendu; et comme ce verbe veut toujours de avant l'infinitif qui le suit, il en résulte que toutes les phrases commençant par c'est à veulent aussi toujours de, et non à, devant l'infinitif qui vient après cette locution:

C'est à nous qu'il appartient] d'obéir puisque vous [commandez.

(Corneille, Polyeucte, I, sc. IV.)

Non, je te dis que je n'en veux rien faire, et que c'est à moi [qu'il appartient] de parler et d'être le maître.

ans;

(Molière, Méd. malg. lui, I, sc. 1.)

PASSE-TEMPS GRAMMATICAL.

Corrections du numéro précédent.

...

...

- 7°

...

introduisit par degrés cet usage; 2. On se souviendra que Hernani a été écrit par un auteur de vingt-sept 3. on s'anéantirait réciproquement (le verbe se suicider exprime une action réfléchie et ne peut admettre le cortège de réciproquement); 4... ceux que l'on y fait figurer; 5°... qui sautillait au milieu (le verbe gambader se dit de ce qui a des jambes); 6. et ses journaux ne reviennent pas de l'imperturbable sagesse (le en n'est d'aucune nécessité ici); les chiens pelés, mourant de faim (c'est le froid qui fait grelotter); 8° et que le soleil, quoi qu'on en ait dit (c'est pour 9° quelque chose qu'on en ait dit); A trois heures moins un quart; 10° sur les stalactites alternativement blanches et noires; 11° sur les marquises ou les duchesses (devant les noms qui ne sont pas synonymes on répète l'article); — 12° ... avait l'air d'une perce-neige; 13° quittant Liége et la Belgique (le nom de Liége n'est possible ici qu'autant qu'il vient avant Belgique); où j'étais allé comme professeur pour un an; 14... n'ignore rien de ce qu'il lui est nécessaire et vraiment utile de savoir; 15° les Mille et une Nuits, parce que chaque chapitre.

...

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trouvées dans la presse périodique et principalement dans les ouvrages des auteurs contemporains.

1. J'ai obtenu ces renseignements avec une obligeance

que j'ai l'habitude de rencontrer dans mes relations avec les savants anglais, mais dont je ne me vois pas pour cela dispensé de leur en adresser ici mes remerciements.

2° L'Autriche, malgré les difficultés avec lesquelles elle a à compter, fait preuve dans les circonstances actuelles

d'un esprit de sagesse et d'un sentiment de justice qui

sont l'honneur d'une politique.

3. Je suis réveillé un peu incivilement par le garçon de la taverne, qui me jette une serviette dans le ventre, en me criant Allons, camarade, éveillez-vous.

4. L'histoire de Vico a été une des plus malheureuses que nous présente l'histoire de la philosophie et des lettres, pourtant si riche en nobles infortunes et en douloureux

martyrs.

5. Il prit une position agréablement penchée, et d'un bras digne d'être revêtu d'une manche à crevées de satin, il enlaça la taille de la villageoise.

6° Le progrès est tel, aujourd'hui, dans la plupart de nos départements, qu'il devient rare de trouver une famille qui ne possède aucun bien-fond.

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Ce pronom a différentes manières de s'employer qui lui sont toutes particulières; ainsi on le met: 1° devant les verbes impersonnels ou employés impersonnellement il pleut, il gresle, il faut marcher; 2° devant le verbe étre sans aucun substantif à sa suite : il est fascheux d'attendre; 3° devant les verbes neutres suivis d'un substantif au nominatif : il est arrivé un accident. Du pronom indefini et collectif ON. Ce pronom, qui reçoit quelquefois l'article, n'est autre chose qu'un mot abrégé et corrompu de homo. Les Italiens se sont servis autrefois de huom ou uom dans la même signification générale como huom dice, comme on dit. Du reste, il en est de même en allemand pour man, homme; dans cette langue on dit man sagt, au singulier, pour dire dicitur, on dit. Les Anglais emploient aussi le même mot dans ce sens, mais ce n'est qu'au pluriel : men say, ils disent, on dit.

Quelquefois on sert à désigner l'universalité des hommes comme dans on naist pour mourir ; quelquefois il a une signification moins générale: on en use tout autrement en Europe; quelquefois il s'applique seulement à une nation on a battu les ennemis; quelquefois il ne signifie qu'une multitude, qu'une assemblée de personnes: on dit par la ville, on a resolu en plein Parlement ; et quelquefois, malgré l'idée collective qu'il renferme, désigne qu'une personne seule on demande à vous parler.

il ne

Il y a plus encore, car bien qu'il soit essentiellement un pronom de la troisième personne, il est employé quelquefois à la place des pronoms de la première je et nous. Ainsi un homme qui a été longtemps sans en voir un autre lui dit fort bien il y a long-temps qu'on

ne vous a veu.

Généralement parlant, il vaut mieux employer on que d'employer l'on.

Des pronoms possessifs relatifs. - Ce qu'il y a surtout

à remarquer touchant ces pronoms, c'est qu'ils s'emploient au substantif, c'est-à-dire qu'ils cessent d'être pronoms dans deux occasions différentes, puisqu'ils ne tiennent point lieu d'un nom dont on ait déjà fait mention. La première est quand on dit le mien, le tien, le sien pour désigner ce qui appartient à chacun : le mien et le tien sont la source de toutes les divisions.

Le second cas où les pronoms possessifs s'emploient substantivement les embrasse tous à la vérité; mais seulement au masculin et au pluriel, les miens, les tiens, les siens, les nôtres, etc. qui se disent des personnes auxquelles on est attaché par le sang, par l'amitié ou par quelque sorte de dépendance.

Des pronoms demonstratifs. - Les pronoms démonstratifs sont de trois sortes: les uns, comme ce el cet, avec leur féminin et leur pluriel, sont inséparables d'un substantif qu'ils doivent toujours immédiatement précéder, ce qui les fait ressembler aux pronoms possessifs non relatifs son et sa; les autres, comme, celuy, celuy cy et celuy-là, avec leurs pluriels et leurs féminins, supposent toujours un substantif auquel ils se rapportent; et les autres enfin, comme cecy, cela, ne se joignent jamais avec aucun substantif, et n'en supposent proprement aucun qui les ait précédés.

Attendu que les personnes ou les choses que l'on fait précéder du « pronom » ce sont ou proches ou éloignées de lieu et de temps de la personne qui parle, on ajoute quelquefois au substantif les particules adverbiales cy et là, dont la première sert à désigner les personnes ou les choses proches, et la seconde, les personnes ou les choses éloignées ce prince-là se fait aimer de tout le monde, cette affaire-cy est fascheuse.

Quand ce est joint au verbe estre, il sert à désigner une personne ou une chose, selon que ce qui suit le verbe estre peut convenir à l'une ou à l'autre. Ainsi dans c'est un modele de vertu, il désigne une personne, et dans c'est de quoy je vous asseure, il signifie une chose.

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Mesme a diverses acceptions, car il est pronom et il est adverbe. Ici Régnier ne va le considérer que comme pronom.

En cette qualité, il a encore différentes acceptions; car tantôt il sert à marquer identité individuelle, tantôt il ne s'emploie que pour signifier parité, égalité, et tantôt enfin, il n'est qu'une expression redondante et de pure énergie.

Dans les deux premières acceptions, qui sont désignées toutes deux en latin par idem, il se joint avec toutes sortes de substantifs, et il se met toujours devant le nom : le mesme homme m'a dit, signification d'identité, et deux hommes de mesme taille, signification de parité.

Il s'emploie aussi dans ces deux significations sans être suivi d'aucun nom, comme dans l'homme dont vous parlez est le mesme que je vous disois, et dans la bonté de ces deux vins est à peu près la mesme. Et c'est alors principalement que mesme est pronom relatif, parce qu'il est mis à la place d'un nom auquel nécessairement il se rapporte.

Lorsque mesme n'est qu'une expression de pure énergie, il se met toujours après le nom substantif auquel il se joint, comme dans c'est une chose qu'il a entendu dire au Roy mesme, qu'il tient de la bouche mesme du Roy, et dans une infinité d'autres, dans plusieurs desquelles il peut également bien être considéré comme pronom et comme adverbe. Considéré comme pronom, il répond au latin ipse; considéré comme adverbe, il répond à l'adverbe latin etiam, ou quid etiam.

Le pronom qui est peut-être celui de tous les pronoms qui est d'un plus grand usage dans notre langue.

En tant que relatif, ce pronom se dit également des personnes et des choses au nominatif et à l'accusatif : l'homme qui vous a parlé ; un chien qui abboye, etc.

|

Dans tous les autres cas, la relation des bêtes ou des choses ne s'exprime presque jamais par le pronom qui. Ainsi, quoiqu'on puisse dire, l'homme de qui il est fils, à qui il appartient, de qui vous parlez, on ne peut pas dire pour cela le cheval de qui je me sers, sur qui je monte, ni une chose de qui je m'étonne, etc.; il faut se servir de quelque autre terme relatif, et dire, par exemple, le cheval sur quoy je monte ou sur lequel je monte, une maison à laquelle je m'attache, etc.

Cependant, il est bon d'observer qu'en plusieurs façons de parler, on se sert de que au datif pour à qui, et à l'ablatif pour de qui et dont, comme dans ces phrases, c'est à vous que je parle, c'est de la façon qu'il

en use.

Le pronom qui, mis entre deux verbes, est régi par l'un et régit l'autre, quoique l'un et l'autre demandent des cas différents. Ainsi, dans cette phrase, il le dit à qui veut l'entendre, qui tient lieu du datif à l'égard du verbe dire, lequel régit le datif de la personne, et il tient lieu de nominatif à l'égard de veut qu'il régit.

(La suite au prochain numéro.)

LE RÉDACTEUR-GEBANT: EMAN MARTIN.

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