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Enfin il est de retour de mardi dernier à ce qu'on dit; mais certains apprêts fort antérieurs, un voyage à La Briche, une santé bonne à la vérité, mais qui marquait déjà un peu de déchet, me font soupçonner un arrangement que je n'ai garde de blâmer. Il était très-naturel que nous nous vissions le mercredi; en effet, son tartare vint me dire qu'il m'attendait à onze heures; mais à cette heure-là le carrosse de M. Salvestre devait me venir prendre pour aller passer le reste de la journée à la campagne.

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depuis le livre de Maistre Gervais Tilleberien, Mareschal du Royaume d'Arles, dedié à l'Empereur Otho quatriesme, environ l'an 1210, intitulé Otia Imperialia, je rapporteray ce qu'il en escrit :

Nos vidimus sepulchrum Isoreti in suburbio Parisiensi, viginti pedes in longum habens, præter cervicem et caput. Quem sanctus Guillelmus peremit.

Ce livre ne fut jamais imprimé et est en la Librairie du College de Navarre, escrit en parchemin. De ceste tumbe d'Isoire est fait mention au grand Pastoral, liv. 3, charte 45.

Or, il est évident, d'après ce passage, que l'expres-il sion rue de la tombe Issoire ne vient point de Issoire, ville du Puy-de-Dôme (il y aurait du reste un de avant ce mot, s'il en était ainsi); mais qu'elle présente une corruption du substantif propre Isoret, où un i s'est introduit après l'o comme dans Gringoire (de Gringore).

Sixième Question.

Nos collégiens se servent du mot Écoper, qui n'est ni dans le Dictionnaire de Littré, ni dans son Supplément. Pourriez-vous m'en dire l'étymologie? Je voudrais savoir s'il est permis de l'employer dans la conversation familière, comme le font ces messieurs.

Dans la famille du verbe grec axonów, regarder, examiner, considérer, guetter, etc., se trouvait le substantif axonós, but que l'on vise ou auquel on tend, et, au figuré, intention.

Ce mot a été adopté par les Latins, qui en ont fait scopus, qu'ils ont employé absolument dans la même signification :

Scopum attingere (Frapper au but).

Du latin, et toujours dans le même sens, oxonóg a passé dans les langues néo-latines, où il a donné scopo en italien, et escopo en espagnol et en portugais.

Le français, à la vérité, ne l'a point reçu directement (du moins je n'en ai trouvé aucun exemple); mais il en a formé le verbe escoper, devenu écoper, et cela, dans le sens de servir de but, de plastron, en un mot, de recevoir les coups.

Voilà quelle serait, à mon avis, l'origine d'écoper, verbe qui n'a pas, que je sache, d'équivalent en français, et que, pour cette raison, nos lexicographes me semblent avoir grand tort de laisser relégué dans le Dictionnaire de la langue verte sous prétexte, probablement, qu'il y est dit appartenir à « l'argot des gamins ».

X

Septième Question.

Quelle est, s'il vous plaît, l'origine de l'expression si fréquemment employée JOINDRE LES DEUX BOUTS? De quels bouts est-il question ici? Je vous serais bien reconnaissant d'une réponse à ce sujet.

C'est une expression figurée que je crois venue de l'expression propre joindre les deux rives d'un fleuve : celle-ci indique une jonction faite par un pont; l'autre une jonction au moyen de l'argent. Par ellipse, on dit de celui qui a beaucoup d'argent pour aller du commencement de l'année à la fin (d'un bout à l'autre), qu'avec cela, il joint facilement les deux bouts; de celui qui en a exactement ce qu'il lui en faut, qu'avec cela,

joint juste les deux bouts; de celui qui n'en a pas tout-à-fait assez, qu'avec cela il joint à peine les deux bouts; et enfin, de celui qui en manque complètement, qu'avec cela, il ne peut pas joindre les deux bouts.

La locution entière est joindre les deux bouts de l'année, comme le montre l'exemple suivant, quoiqu'il renferme trouver au lieu de joindre :

Le maréchal de Choiseul savait trouver les deux bouts de l'année sans dettes. (Saint-Simon, 289, 195.) ·

Dans mainte et mainte circonstance, j'ai entendu dire mettre les deux bouts ensemble, au lieu de joindre les deux bouts. Je crois que c'est une manière de s'exprimer qui n'est rien moins que bonne; car l'expression propre qui lui a servi de point de départ, joindre les deux rives d'un fleuve, d'une rivière, etc., ne signifie nullement que l'on a mis les deux rives ensemble, c'est-àdire l'une à côté de l'autre, mais seulement qu'on les a reliées par une voie de communication.

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pour une gravure de l'Hiver, où Larmessin a repré- | plaisanterie, de toute personne, de toute chose absente. senté une scène de patineurs :

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Cependant les Jésuites virent d'un mauvais œil qu'Arnauld et Pascal eussent été placés dans cette galerie, et ils obtinrent du censeur royal qu'il exigeât la suppression des deux noms qui les importunaient.

Cette suppression eut lieu dans la plupart des exemplaires de la première édition; les noms de Thomassin et de Du Cange furent substitués à ceux de Pascal et d'Arnauld. Mais, depuis longtemps, le public se montrait favorable à la cause de Port-Royal; et, à l'occasion de la nouvelle persécution qu'elle subissait en quelque sorte dans la personne de Pascal et celle d'Arnauld, il fit application à ces derniers de la fameuse phrase de Tacite relatant les funérailles de Junie (Annal. liv. III, ch. 37):

Seconde Question.

Voudriez-vous bien me dire ce que c'est qu'un poulet A LA MARENGO, et quelle est l'origine de cette expression? Tous mes remerciements, espérant que vous pourrez me donner cette solution, propre à intéresser, je crois, plus d'un de vos lecteurs.

Præfulgebant Cassius atque Brutus, eo ipso quod effigies eorum non visebantur.

La volaille ainsi désignée est un poulet accommodé à l'huile; et son nom lui est venu des circonstances que je vais vous raconter.

C'était le soir, à Marengo, le 44 juin 1800. Bonaparte, qui, comme vous savez, avait livré bataille aux Autrichiens à 3 heures après midi et avait fini par les vaincre, se sentait pressé de la faim. Il demanda un poulet. Le poulet se trouva, et presque irréprochable. Mais il fallait du beurre pour l'accommoder, et, malgré toutes les recherches, on n'avait pu parvenir à s'en procurer. En revanche, l'huile ne manquait pas; le cuisinier consulaire en remplit le fond de sa casserole, plaça son poulet sur cette couche onctueuse, le releva d'une pointe d'ail écrasée, le saupoudra d'une pincée de mignonnette, l'arrosa d'un peu de vin blanc, le meilleur du pays, l'entoura de croûtes qui se trouvaient là, de champignons et de morilles en guise de truffes, et servit chaud.

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(Sévigné, 29 août 1677.)

Pour s'en rendre compte, il suffit, je crois, de la comparer à l'expression analogue nager entre deux eaux, prise dans le sens propre.

En effet, de même que celui qui nage entre deux eaux se trouve dans une masse d'eau, ayant généralement au-dessus de lui moins de ce liquide qu'au-dessous, de même celui qui est entre deux vins (le mot vin

(Cassius et Brutus y brillaient d'autant mieux que leurs est employé ici pour ivresse, comme dans être en pointe images étaient absentes). de vin, qui signifie être au moment où l'ivresse commence à poindre), se trouve en quelque sorte plus près de la surface de l'ébriété que du fond, ce qui implique pour le sens littéral du proverbe être à peine à moitié ivre.

Or, c'est de là qu'on a tiré l'expression briller par son absence, dite d'abord d'une personne assez considérable ou d'une chose assez importante pour que son absence pût étre facilement remarquée, et ensuite, par

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Faites cela aussitôt que vous pourrez [le faire].
Faites cela aussitôt que vous [le] pourrez [faire].

Il est loisible de dire l'un ou l'autre, et il me semble facile de vous faire partager cet avis.

En effet, si ces deux phrases étaient au complet, elles s'énonceraient comme il suit, en vertu de la règle que

j'ai donnée dernièrement, p. 163, sur la place des pronoms BIOGRAPHIE DES GRAMMAIRIENS
personnels régimes d'un infinitif précédé d'un autre
verbe :

PREMIÈRE MOITIÉ DU XVIII• SIÈCLE.

Or, après le verbe pouvoir, il est permis d'ellipser l'infinitif suivant ; et comme, dans la première phrase, il entraîne son régime le avec lui, tandis qu'il ne le fait pas disparaître dans la seconde, il en résulte que les mots qui restent de part et d'autre, quand cette suppression est faite, constituent deux phrases également irréprochables.

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PASSE-TEMPS GRAMMATICAL.

1. s'étaient laissé prendre (ils ne prenaient pas, on les prenait); 2o... pour se rendre à Marseille, afin d'étudier la question; 3°. Le négociant appela du jugement devant la Cour (en est inutile comme représentant jugement; — 4°... elle renferme peu de jours que je voudrais effacer; 5o disait en concluant M. Sheurer-Kestner (voir Courrier de Vaugelas, 5o année, p... 51); 6° ... en France pour onze millions 380,850 francs; 7 Si la Russie, confiante dans la Prusse, persévère dans sa politique actuelle (après la conjonction conditionnelle si, on ne peut mettre le verbe ni au mode conditionnel, ni au futur); 8°... et de consacrer leur zèle à autre chose que les purs soins religieux ; - 9° . s'est imposé à elle-même (il n'y a pas de régime direct avant ce participe, il faut qu'il soit invariable).

Corrections du numéro précédent.

...

Phrases à corriger trouvées dans la presse périodique et dans les ouvrages des auteurs contemporains.

1° Plus d'un exemple pourrait être cité d'hommes qui, sans avoir de trop mauvaises intentions, ont fini par faire beaucoup de mal dans certaines régions pour s'être laissés circonvenir par des coteries réactionnaires.

2. Ne serait-il pas à craindre que les Anglais, une fois hors de la mer de Marmara, ne pourraient pas repasser les Dardanelles, dont la défense est si facile?

3 Ce malaise général dont nous sommes aujourd'hui à même d'apprécier les déplorables effets, va-t-il devenir l'état habituel? Nous ne le savons pas davantage que quiconque.

4. Pour atteindre ce but, il ne fallait rien moins que cet accord absolu, que ce concours infatigable; mais il a été donné sans réserve.

5° Profitant d'un jour où manquaient une douzaine de membres, les droitiers de ce bureau ont conclu à la validation de M. Trubert (Moissac), et ils se sont imaginés que la Chambre ratifierait cette décision.

6. Pourquoi faire à notre pays cette injure gratuite de le supposer affolé par la présence d'un prince, d'un souverain, voire même d'un empereur.

7. Toi, ô mon dur compagnon, vas avec un cœur de moins, vas avec le rude acier de ta volonté, le glaive de ta résolution, enferré vaillamment à la place de ton cœur.

8° Ces croix d'honneur et ces médailles militaires que j'ai vu briller sur les poitrines d'officiers et de soldats de votre armée ne sont-elles pas le prix des mêmes périls et des mêmes sacrifices?

FEUILLETON

RÉGNIER DESMARAIS.

(Suite.)

Dans le discours familier, plusieurs personnes confondent devant, préposition de lieu, avec avant, préposition de temps, et disent je suis arrivé devant luy au lieu de dire je suis arrivé avant luy.

La préposition pardevant est renfermée dans certaines formules de style pratique, comme pardevant les notaires, etc.

Des prépositions près et auprés. La préposition près a un singulier emploi ; elle se met après son régime dans une foule de cas à cela prés, à peu de chose prés, elc. pour dire hormis cela, excepté cela.

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chant, joignant et suivant, formés du participe présent | par exemple, depuis deux ans ce prince avoit fait telle des verbes toucher, joindre et suivre, la préposition chose, il faudra dire deux ans s'estoient passés depuis moyennant est formée du participe présent du verbe que ce prince avoit fait telle chose, ou encore se servir d'un autre tour.

moyenner.

Devant un substantif, moyennant a le sens de avec, comme dans il espere moyennant la grace de Dieu.

Durant et pendant sont deux prépositions de temps qui s'emploient indifféremment l'une pour l'autre.

La préposition nonobstant est formée de la particule non et du participe présent du verbe obster, participe fort en usage (1706) comme préposition dans quelques provinces, où l'on dit très-souvent je n'ay peu faire ce que vous souhaitiez, obstant les affaires qui me sont

survenues.

Joignant n'est guère d'usage que dans le discours familier en parlant d'une maison qui est extrêmement proche d'une autre il loge tout joignant l'église.

Touchant et concernant ne se disent jamais que des choses qui appartiennent à la morale ou concernent l'entendement concernant, qui est de peu d'usage, ne se dit que de ce qui regarde les affaires ou les matières de doctrine. Touchant est d'un usage bien plus étendu. Il y a lieu de douter si approchant doit être mis au rang des prépositions.

De la préposition parmi. Préposition composée de par et du vieux mot mi, qui s'est dit par abréviation pour milieu; elle ne s'emploie plus que devant un nom pluriel.

Des prépositions nonobstant, malgré et en dépit. Ces trois prépositions ont une signification adversative dans laquelle elles ne diffèrent que du plus au moins nonobstant ne donne à entendre qu'une simple contrariété d'action; malgré sert d'ordinaire à désigner, outre la contrariété d'action, un dessein formel de contrariété; en dépit marque toujours que le principal motif de l'action est le dessein d'offenser quelqu'un.

Tant et que ne sont copulatives qu'employées relativement, comme dans tant de part que d'autre, expression qui signifie de part et d'autre.

Il y a une différence d'emploi entre aussi et non plus : le premier ne doit être mis que dans une proposition Devant les verbes, en dépit s'emploie comme malgré; affirmative, et non plus que dans une proposition négaainsi on dit en dépit qu'il en ait. tive. C'est néanmoins une règle à laquelle on manque très-souvent à l'égard de aussi, car rien de plus commun (1706) que d'entendre dire : puisque vous ne voulez pas sortir, je ne sortirai pas aussi.

Des conjonctions disjonctives. Ce sont ou, ou bien et soit. Ou se met très-bien à la tête des termes qu'il s'agit de distinguer, ou tout ou rien, ou le malade reschappera, ou il mourra; on le met également bien devant différents termes à distinguer le prophete Nathan donna le choix à David, ou de la guerre, ou de la peste, ou de la famine.

Des prépositions de-çà, de-là, par de-là et outre. Quand de-çà et de-là sont seuls ou précédés des prépositions de ou par, ils doivent être suivis immédiatement de leur régime: tout ce qui est de-çà les Alpes, les provinces de de-çà la Loire, par de-là les mers; mais quand ils sont précédés de en, au, ils doivent être séparés de leur régime par de; on dit : en de-çà du Rhin, estre logé au de-là des ponts.

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On n'emploie guère la préposition outre que devant les régimes mer et Meuse; on dit Louis d'outre-mer, les guerres d'outre-mer, les pays d'outre-Meuse.

Des prépositions dés, depuis, jusque. La première peut très-bien se mettre devant les adverbes de lieu : vous le pouvez voir dés icy. Celle même préposition, suivie de que, s'emploie pour puisque, exemple : Dés que vous le voulez, j'en suis d'accord.

Jusqu'à tant est une façon de parler familière pour jusqu'à quel temps.

De la préposition sauf. — Son principal usage devant les noms est renfermé dans le discours familier et dans certaines phrases de style de pratique; elle a le sens de sans préjudice de, comme dans: sauf le respect de la compagnie, sauf correction, sauf le respect de la Cour, sauf erreur de calcul.

De la préposition sus. Cette préposition n'a presque d'usage dans notre langue que dans cette phrase: courir sus à quelqu'un.

Des prépositions à rebours, au rebours. Elles signifient la même chose que au contraire, dans le style familier; ainsi on dit nettoyer du drap à rebours de poil, prendre tout au rebours de bien.

TRAITÉ DES CONJONCTIONS.

Les expressions depuis deux ans, depuis trois ans, etc. doivent s'entendre uniquement par rapport au temps dans lequel on parle ou l'on écrit. Mais si, dans une histoire, on veut parler de deux ou trois années écoulées entre un événement et un autre, on ne pourra pas dire,

-

Régnier a fait de cette espèce de mots la division qui va suivre.

Des conjonctions copulatives. Ce sont celles qui servent à assembler et, pour ainsi dire, à accoupler deux termes, deux propositions sous une même affirmation ou sous une même négation. Et, aussi, tant et que sont celles dont on se sert pour l'affirmation; ni et non plus sont les seules qu'on emploie pour la négation.

Aussi, en tant que conjonction copulative, se met ordinairement à la fin de la phrase vous le voulez, je le veux bien aussi.

Ou bien ne s'emploie guère que dans le discours familier, ou lorsque ou, employé seul, pourrait être pris pour un adverbe de lieu; hors de là, il faut éviter de s'en servir.

Soit, qui est pris de la 3° personne singulière de l'impératif du verbe estre, se met toujours à la tête de la première des propositions dont il s'agit soit dans la bonne fortune, soit dans la mauvaise, etc.

(La fin au prochain numéro.)

LE RÉDACTEUR-Gérant: Eman MARTIN.

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