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aujourd'hui (1672), pour bien s'exprimer, il faut dire lemail. C'est très-mal parler; il faut dire jouer au mail. carmes deschaussez.

S'il faut dire il survécut, ou il survesquit. L'usage est partagé entre ces deux formes; mais d'Ablancourt disant toujours survesquit, il est bon de suivre ce grand

De la prononciation de certains e. Il faut dire empereur et non empéreur, defaut et non défaut; Breda et non Bréda; acquerir, acquereur et non acquérir, acquéreur; de l'eau benite, et non de l'eau bénite. L'usage est partagé entre premier el prémier; premiérement et prémiérement; mais Ménage est de l'avis de ceux qui disent prémier, prémiérement.

maître.

Prononciation de la finale esse. Elle est longue dans le mot abbesse, et le long de la Loire, on la prononce longue aussi dans messe, maîtresse, princesse, duchesse, comtesse, ce qui est une prononciation très-désagréable.

De certains noms propres qui s'emploient au singulier et au pluriel. - Vaugelas a fort bien décidé qu'il fallait dire la Flandre et non les Flandres; mais Ménage n'est pas de son avis quand il ajoute qu'il faut dire en Flandres et non pas en Flandre. On doit dire, au contraire, en Flandre et non pas en Flandres. Les écrivains latins ont dit indifféremment Hispania et Hispaniæ, Gallia ou Galliæ, et de là vient que nos vieux Gaulois ont dit aussi indifféremment l'Espagne et les Espagnes, la Gaule et les Gaules. Ils ont dit en Flandres avec d'autant plus de raison qu'il y a trois Flandres : la flamingante, l'impériale et la française. Mais comme le mot de Flandre comprend aujourd'hui ces trois Flandres, on ne dit plus en Flandres, mais en Flandre.

Nous écrivons ordinairement Athénes, Thebes, Mycénes, et c'est ainsi qu'il faut toujours écrire en prose; mais en vers, on peut fort bien supprimer l's.

Au sujet de l's finale de quelques noms d'hommes. — D'après Vaugelas, on peut écrire Philippe et Philippes indifféremment; mais il faut toujours écrire Charles, Jacques et Jules. Ménage n'est pas de son avis; il croit qu'on peut aussi bien écrire Charle, Jaque que Philippe, et cela, particulièrement en vers.

Orthographe de l'adjectif dans la phrase: Avecque toute l'estime et toute la passion possible. Ceux qui blâment cette expression, dit Ménage, et qui voudraient qu'on y écrivit possibles parce que deux substantifs singuliers régissent le pluriel, ne savent pas ce que c'est que la Grammaire. Tous les auteurs sont pleins

de semblables licences.

S'il faut dire bienfaiteur, ou bienfaicteur, bienfacteur. -Vaugelas veut qu'on dise bienfaiteur; mais bienfaicteur est plus en usage aujourd'hui, et il y a longtemps qu'on parle de la sorte. Quant à bienfucteur, il n'est plus usité que par les curés, qui disent dans leurs prônes Priez Dieu pour les bienfacteurs de cette Eglise (1672).

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Différence entre cadeau et banquet.- Le mot cadeau, dans la signification de grand repas, est plutôt de la Ville que de la Cour. On dit à la Cour donner un grand repas, donner une feste. C'est donc ainsi qu'il faut dire pour bien parler. Le terme banquet n'est plus du même usage; on ne s'en sert plus que dans le langage religieux, le banquet des élus, ainsi que dans le banquet des Sept Sages, le banquet de Platon.

Emploi de coterie et de société. Le premier est un mot bourgeois; les honnêtes gens disent, société. Prononciation de ch. Au temps de Ménage, ces lettres se prononçaient ch dans Acheron, Chio, Ezéchiel; k dans alchimie, Archélaüs, chélidoine, Eschyle, Melchisedec, trochée; et s dans le mot chirurgien. — Les Chartreux prononçaient à la française le ch de tous. les mots latins.

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S'il faut dire tuer, ou éteindre un flambeau. Malherbe a dit tuer un flambeau; mais cette expression est devenue si commune qu'elle a perdu sa noblesse. Il faut dire, en prose comme en vers, éteindre un flambeau, manière dont on parle à Paris.

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S'il faut dire Norvégue, ou Norvége. Norvégue, comme disent nos gens de écrive la Norvége.

Si l'on doit dire bignet, ou beignet. Les Parisiens disent ordinairement beignet; mais on dit bignet dans les provinces.

Il faut dire la Il faut dire la mer, quoiqu'on

Sur l'emploi de Monsieur et de Madame dans les lettres. Vaugelas a dit que rien ne blesse davantage l'œil et l'oreille que de voir une lettre qui, après Monsieur ou Madame, comme encore par l'un ou par l'autre. Ménage n'est pas du même avis; selon lui, c'est étre dégoûté plutôt que délicat, de ne pouvoir souffrir ces petites négligences: les lettres sont l'image de la conversation, et, dans la conversation, on ne fait point de difficulté d'employer ces mots à la suite l'un de l'autre. S'il faut dire monstreux, ou monstrueux. Plusieurs personnes non-seulement de la Ville, mais de la Cour, disent monstreux, et quelques-uns de nos grammairiens soutiennent que c'est ainsi qu'il faut parler, puisqu'on dit nombreux, ténébreux, malencontreux, etc. Ils se trompent; le grand usage est pour monstrueux, conformément à l'italien monstruoso et au latin monstruosus, qui se trouve dans certains auteurs.

S'il faut dire jouer au pallemail, ou jouer au mail. Quelques antiquaires disent encore (1672) jouer au pal

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S'il faut dire à nage, ou à la nage. Les deux sont
usités, mais à nage est le meilleur.

Prononciation de eu dans quelques mots.
Les mots
meure, meurier, saumeur, seur, preude doivent se pro-
noncer mure, murier, saumur, sûr, prude; et ceux qui
se piquent de bien orthographier les écrivent par u.
S'il faut dire revencher, ou revenger. L'usage est
pour revencher, quoique l'analogie demande revenger.
Choix entre enfin et ala-fin. - Quand il s'agit d'ex-
primer le sens après tout, enfin vaut certainement
mieux qu'ala-fin, et c'est ainsi que Ménage voudrait
toujours dire en prose. Mais en poésie, il ne ferait pas
difficulté de dire ala-fin.

-

(La suite au prochain numéro.)

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LE REDACTEUR-GÉRANT EMAN MARTIN.

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BIBLIOGRAPHIE.

OUVRAGES DE GRAMMAIRE ET DE LITTÉRATURE.

Publications de la quinzaine :

Les Ménages militaires (1re série). La femme du capitaine Aubépin; par Claire de Chandeneux. 2e édition. In-18 jésus, 245 p. Paris, lib. Plon et Cie. 2 fr. 50. Grammaire française; par un préfet d'études. 3e édition. In-18 jésus, vi-616 p. Poitiers, lib. Oudin frères. Œuvres complètes d'Alfred de Musset. Comédies et proverbes. Lorenzaccio. Le Chandelier. Il ne faut jurer de rien. Petit in-12, 411 p. Paris, lib. Lemerre. 6 fr.

Les Anglais chez eux, suivi de Hogarth et ses amis, ou Londres au siècle passé; par Francis Wey. Nouvelle édition. In-18 jésus, 404 p. Paris, lib. Hachette et Cie. 3 fr. 50.`

Nouvelle grammaire française; par A. Chassang, inspecteur général de l'Instruction publique. Cours élémentaire. In-18 jésus, x-144 p. Paris, lib. Garnier frères. 1 fr.

Les Vendéens, poëmes; par Emile Grimaud. 3e édition, avec 35 eaux-fortes par Octave de Rochebrune. In-4°, x1-246 p. Paris, lib. Lemerre.

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L'Amérique devant l'Europe, principes et intérêts; par le comte Agénor de Gasparin. Nouvelle édition. In-18 jésus, vi-556 p. Paris, lib. Calman Lévy. 1 fr. 25.

Contes et nouvelles; par Jules Janin. T. I. In-18 jésus, 323 p. et grav. Paris, lib. des Bibliophiles. 3 fr. 50.

De la seconde éducation des filles; par Alfred Nettement. 2e édition. In-12, xu-432 p. Paris, lib. Lecoffre fils et Cie.

Les Prussiens en Allemagne, suite du Voyage au pays des milliards; par Victor Tissot. 24e édition. In-18 jésus, 520 p. Paris, lib. Dentu. 3 fr. 50.

Du Bon langage et des termes et locutions vicieuses à éviter; par Mme la comtesse Drobojowska, née Symon de Latreiche. 5e édition. In-12, 288 p. Paris, lib. Sarlit.

Etude sur Blaise Pascal; par A. Vinet. 3e édition. In-18 jésus, vII-357 p. Paris, lib. Sandoz et Fischbacher. 3 fr. 50.

Publications antérieures:

Claudine. Prométhée.

Par GUSTAVE VINOT.

Paris, librairie des Bibliophiles, 338, rue Saint-Honoré.

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LA VIERGE DES GLACIERS. Par ANDERSEN. - Traduction de MM. Grégoire et Moland. Illustrations de Yan Dargent. Paris, Garnier frères, libraireséditeurs, 6, rue des Saints-Pères et Palais-Royal, 215. Prix : 3 fr.

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NAVIGA

LES GRANDS HOMMES DE LA FRANCE.
TEURS. Par MM. EDOUARD GOEPP et ÉMILE L. CORDIER.
Ouvrage accompagné de deux magnifiques cartes
imprimées en couleur. BOUGAINVILLE, La Pérouse, Den-
TRECASTEAUX, DUMONT D'Urville.
Par Paul
Paris, P. Ducrocq,
libraire-éditeur, 55, rue de Seine. - Prix, relié : 4 fr.

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CONCOURS LITTÉRAIRES.

Douze médailles,

Le dix-septième Concours poétique ouvert à Bordeaux le 15 août sera clos le 1er décembre 1876. or, argent, bronze, seront décernées. Demander le programme, qui est envoyé franco, à M. Evariste CARRANCE, Président du Comité, 7, rue Cornu, à Bordeaux (Gironde).

Affranchir.

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LA SOCIÉTÉ DES ÉTUDES HISTORIQUES a, pour l'année 1877, mis au concours pour le prix Raymond la question suivante Historique des institutions de prévoyance dans les divers pays, et spécialement en France. Elle vient de décider qu'en 1878 un prix de 1,000 fr. sera accordé à l'auteur du meilleur mémoire sur l'histoire du portrait en France peinture et sculpture).

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L'ACADÉMIE DE LA ROCHELLE (section littéraire) vient d'ouvrir un concours de fables dont le prix une médaille d'argent sera décerné en séance publique, dans le courant de décembre prochain. Des médailles de bronze pourront en outre être accordées, s'il y a lieu. Toute pièce non inédite ou dont l'auteur se sera fait connaître sera exclue du Concours. - Chaque envoi portera une devise qui devra être reproduite à l'intérieur d'un billet cacheté, renfermant le nom et l'adresse de l'auteur. Le Concours sera clos le 1er octobre 1876, dernier terme auquel les poemes devront être remis au secrétaire-général de l'Académie, rue Dupaty, 29, à La Rochelle.

SOUSCRIPTION

POUR

LA RÉIMPRESSION DES CINQ PREMIÈRES ANNÉES DE CE JOURNAL.

LE TOURNOI POÉTIQUE, LITTÉRAIRE ET SCIENTIFIQUE, organe de la Société des Amis des Lettres. Journal rédigé par ses Abonnés. — Paraissant trois fois par mois (4o année). Médaille d'honneur de la Société nationale d'encouraCONCOURS POÉTIQUES ET LITTÉRAIRES (Prix: Médailles de bronze, Livres, Musique). — Abonnements: gement au bien un an, 10 fr.; 6 mois, 6 fr. - Envoi gratuit d'un numéro spécimen. – Bureaux, 12, Boulevard Montmartre, à Paris.

LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'EDUCATION DE LYON destine pour 1876 un prix de 500 fr. au meilleur mémoire inédit sur ce sujet : Quels peuvent et doivent être, dans l'état actuel de la société, les rapports de l'Instituteur primaire avec les parents de ses élèves? Le prix sera décerné dans la séance publique de 1877, sous le nom de Prix de la ville de Lyon. Les mémoires devront être adressés franco, avant le 1er Novembre prochain, à M. Palud, libraire, 4, rue de la Bourse, à Lyon.

Les cing premières années de la collection du COURRIER DE VAUGELAS se trouvant presque complétement épuisées (il ne reste plus que quelques exemplaires de la 4o et de la 5o), une souscription dont voici les conditions est ouverte pour les faire réimprimer :

1o L'original sera reproduit intégralement dans ses parties essentielles, avec le même nombre de pages et sous un format identique;

2o La réimpression se fera de manière à fournir une année tous les deux mois;

3o Le prix de chaque année (brochée) sera de 6 fr. comme celui de l'abonnement au journal;

4o Les années seront expédiées franco aux souscripteurs à fur et mesure de leur réimpression;

5o Chaque année sera payable aussitôt après qu'elle aura été reçue;

6 Tout souscripteur qui a déjà une partie de ces cinq années devra désigner celles auxquelles s'appliquera

sa souscription;

7 La réimpression commencera dès que 300 adhésions auront été envoyées au Rédacteur.

M. Eman Martin, Rédacteur du COURRIER DE VAUGELAS, est visible à son bureau de trois à cinq heures.

Imprimerie Gouverneur, G. DAUPELEY à Nogent-le Rotrou.

ye Année

QUESTIONS GRAMMATICALES

PRIX:

Par an, 6 fr. pour la France, le port en sus pour l'étranger. Annonces : Ouvrages, un exemplaire; Concours littéraires, gratis.

COURRIER DE VAUGELAS

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N° 9.

LE

Journal Semi-Mensuel

CONSACRÉ A LA PROPAGATION UNIVERSELLE DE LA LANGUE FRANÇAISE

Paraissant le 1er et le 15 de chaque mois

(Dans sa séance du 12 janvier 1875,.l'Académie française a décerné le prix Lambert à cette publication.)

IMPORTANT.

Le Rédacteur du Courrier de Vaugelas prie ceux d'entre ses abonnés qui désirent se procurer la collection complète de ce journal de vouloir bien lire, au bas de la dernière page, les conditions d'une souscription qui lui permettrait de faire promptement réimprimer les cinq premières années.

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SOMMAIRE.

Communications sur la correction d'une phrase, sur Cela fera du bruit dans Landernau, sur Tuer le mandarin et sur l'orthographe de Saducéen; Origine de A d'autres, dénicheur de merles! Pourquoi dire Devergondé quand on dit Vergogne; Pourquoi Crier sur les toits et non Crier pardessus les toits; S'il faut préférer Lexiologie à Lexilogie, ou réciproquement. || Origine de l'expression Être né coiffe;

Si Tant qu'à peut se dire pour Quant à. || Passe-temps grammatical. | Suite de la biographie de Gilles Ménage. Ouvrages de grammaire et de littérature. Concours littéraires Souscription pour la réimpression des cinq premières années de ce journal.

Rédacteur: EMAN MARTIN

ANCIEN PROFESSEUR SPÉCIAL POUR LES ÉTRANGERS
Officier d'Académie

26, Boulevard des Italiens, à Paris.

FRANCE

COMMUNICATIONS.
I.

M. Louis Blum, rabbin de Clermont-Ferrand, que j'ai l'honneur de compter au nombre de mes abonnés, m'adresse de Vichy, par carte postale, quelques mots où se trouve ce qui suit :

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1er Octobre 1876.

Phrase à corriger trouvée dans le Courrier de Vaugelas, numéro 7, page 52 :

L'expression grâce à signifiant par le fait de.... elle s'emploie... >»

Il faut supprimer le pronom quand la phrase commence par un participe.

QUESTIONS

PHILOLOGIQUES

ABONNEMENTS:

Se prennent pour une année entière et partent tous de la même époque. S'adresser soit au Rédacteur soit à un libraire quelconque.

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Attendu que je lis pour m'éclairer, je lis en philosophe. De plus, attendu que les soldats n'avaient point de paie, on ne pouvait les retenir plus longtemps dans une place. J'employai quinze jours à me rendre à Lirias, attendu que rien ne m'obligeait d'y aller à grandes journées. Attendu que Lucinius se doutait de l'imposture, il fit mettre à la torture le prophète de ce nouveau Jupiter. les auteurs dont les noms suivent ont dit : Lisant pour m'éclairer, je lis en philosophe. (François de Neufchâteau.) De plus, les soldats n'ayant point de paie, on ne pouvait les retenir plus longtemps dans une place.

Ce correspondant commet ici une double erreur; l'une, relative au principe de construction qu'il énonce, m'obligeant d'y aller à grandes journées.

l'autre, relative à la faute qu'il a cru trouver dans ma phrase.

Erreur concernant le principe énoncé.

Voici des

(Montesquieu.) J'employai quinze jours à me rendre à Lirias, rien ne

(Lesage, Gil Blas.) Lucinius se doutant de l'imposture, il fit mettre à la torture le prophète de ce nouveau Jupiter.

(Fontenelle.)

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Or, voulant dire que « attendu que l'expression grâce à signifie par le fait de, par l'action de, par le secours de, elle s'emploie aussi bien devant un substantif exprimant une mauvaise chose... », j'ai dû, usant comme c'était mon droit de la tournure « l'expression grâce à signifiant par le fait de... », ne rien changer à l'autre partie de la phrase, c'est-à-dire y conserver le pronom elle, que mon contradicteur pense devoir en être supprimé.

Cette importante question syntaxique a déjà été traitée, et d'une manière plus étendue, dans la 2o année du Courrier de Vaugelas, page 84.

II.

Dans une lettre que m'adresse M. Th. Malgrange, juge de paix à Joigny (Yonne), se trouve l'observation. suivante concernant Cela fera du bruit dans Landerneau, dont j'ai donné l'origine dans ma 4° année.

p. 92:

Votre étymologie n'est pas d'accord avec la légende populaire et la plus répandue en Bretagne. C'est, selon cette légende, un charivari donné dans cette jolie ville des tanneries (on n'y tanne pas que le cuir des bêtes mortes, paraît-il) de la vieille Armorique, à toute veuve qui convole.

Je viens de relire attentivement les Héritiers d'Alexandre Duval; et, comme il n'y est fait nulle part allusion à un mariage de veuve, je crois pouvoir en conclure que c'est bien cette pièce, à laquelle, selon l'auteur, le public a ri pendant « vingt-cinq ans » au Théâtre-Français, qui a introduit dans notre langue l'expression familière Cela fera du bruit dans Landerneau, expression qui se trouve mot pour mot vers le milieu de la dernière scène.

III.

Est-ce réellement J.-J. Rousseau qui est l'auteur de l'expression tuer le mandarin? Voici une lettre qui tend à faire croire le contraire :

Paris, le 5 août 1876.

Monsieur,

Votre numéro du 15 juin, que je trouve chez moi au retour d'un voyage, revient sur la fameuse expression Tuer le mandarin, que vous attribuez à J. J. Rousseau sur la foi de Balzac.

Je n'ai pas sous les yeux le numéro de la troisième année du Courrier de Vaugelas dans lequel vous citez la phrase de J.-J. Rousseau; mais voici ce que je lis dans le Génie du christianisme, tome Ier, 1re partie, livre 6, chap. 2:

« Je m'interroge; je me fais cette question : « Si tu « pouvais, par un seul désir, tuer un homme à la Chine « et hériter de sa fortune en Europe, avec la conviction « surnaturelle qu'on n'en saurait jamais rien, consentirais« tu à former ce désir »?

Le simple Chinois de Châteaubriand n'est-il qu'une réminiscence du mandarin de Jean-Jacques ou bien a-t-on un peu à la légère attribué à Rousseau le Chinois de l'auteur d'Atala, en lui donnant un grade pour rendre le mot plus piquant? Je vous laisse le soin d'éclaircir la chose, Monsieur le Rédacteur; mais l'essentiel serait d'acquérir la certitude que la phrase du mandarin se trouve ou ne se

trouve pas dans les écrits du philosophe de Genève. Je suis presque convaincu qu'on l'y chercherait en vain.

Agréez, Monsieur le Rédacteur, l'assurance de ma parfaite considération.

RESTOUBLE.

Aidé d'une table très-détaillée des OEuvres complètes du célèbre écrivain, j'ai passé vainement, à la vérité, un certain nombre d'heures à chercher la phrase en question aux endroits qui me semblaient les plus propres à la contenir.

Mais voici celle que Louis Protat a mise, en l'attribuant à Rousseau, comme épigraphe à sa chanson intitulée Tuons le mandarin :.

<< S'il suffisait, pour devenir le riche héritier d'un homme qu'on n'aurait jamais vu, dont on n'aurait jamais entendu parler, et qui habiterait le fin fond de la Chine, de pousser un bouton pour le faire mourir, qui de nous ne pousserait ce bouton et ne tuerait pas le mandarin? ».

Or, les lignes citées de Châteaubriand me paraissant être une sorte d'abrégé de celles-ci, d'où les expressions familières auraient été retranchées (fin fond, par exemple, que n'admet guère le style pompeux de l'auteur d'Atala), je reste toujours fort enclin à croire que l'assertion de Balzac, dans le Père Goriot, est digne de toute confiance.

IV.

Au sujet de l'orthographe de Saducéen, dont il est question dans le n° 5 de la présente année, j'ai reçu la communication suivante :

Bourges, le 9 août 1876.

Monsieur,

Je suis d'avis qu'on doit écrire Sadducéen, car on doit écrire également Saddok, et non pas Sadok.

En effet, Saddok, nom propre, existe en arabe et en hébreu; dans les deux langues, il est le participe présent du verbe saddeuk, croire, et signifie croyant, sincère, loyal ».

«

En français, le nom Sidi Saddok serait, par exemple, le masculin de Sainte Foy.

Colonel DE L'ESPÉE,

Sous-chef d'état-major général du 8 corps, Abonné du Courrier de Vaugelas.

Il est évident qu'étant donnée l'étymologie ci-dessus, on devrait, comme le veut le savant colonel De l'Espée, écrire Saddok. Mais on ne le fait pas, paraît-il, car je trouve Sadok dans tous nos livres. Or, s'il en est ainsi, pourquoi ne pas accepter Saducéen, avec un seul d? Cette orthographe n'est pas plus fautive que celle qui admet bonhomie, avec une seule m, lorsqu'il y en a deux dans bon homme, son primitif.

X
Première Question.

Auriez-vous la complaisance de me dire dans quel cas on peut employer l'expression A D'AUTRES, DÉnicheur DE MERLES! et quelle est l'origine de cette expression, qu'il n'est pas rare d'entendre dans la conversation?

Cette expression a pour origine l'anecdote suivante, qui se trouve dans les Lettres nouvelles de Boursault (tome II, p. 433, 2° édition), et au texte de laquelle je fais à peine quelques changements.

Un jeune manant de vingt-deux ou de vingt-trois ans, natif d'Autricourt (diocèse de Langres), s'étant accusé à confesse d'avoir rompu la haie de son voisin,

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