Page images
PDF
EPUB
[merged small][merged small][ocr errors]

PRIX:

Par an, 6 fr. pour la France, le port en sus pour l'étranger. Annonces Ouvrages, un exemplaire; Concours littéraires, gratis.

COURRIER DE VAUGELAS

N° 8.

[ocr errors]

LE

ANCIEN

CONSACRÉ A LA PROPAGATION UNIVERSEL LE DE LA LANGUE FRANÇAISE

Paraissant le 1 et le 15 de chaque mois

(Dans sa séance du 12 janvier 1875, l'Académie française a décerné le prix Lambert à cette publication.)

Journal Semi-Mensuel

Rédacteur: EMAN MARTIN

ÉTRANGERS

PROFESSEUR SPÉCIAL POUR LES
Officier d'Académie
26, Boulevard des Italiens, à Paris.

[ocr errors]

SOMMAIRE.

Communications sur Il n'y a pas mèche, sur les noms de métier à la finale er et sur Prannel Appréciation de Se suicider;· Régime qui convient à S'en battre l'œil; Si Sous le point de vue de et Sous le rapport de sont de bonnes expressions; Emploi du subjonctif dans Lui offrit-on une fortune || Lequel vaut le mieux de Sainte Mitouche ou de Sainte Nitouche; · Axonge au lieu de graisse de porc; — Les expressions Sur la rue et Dans la rue || Passe-temps grammatical. || Suite de la biographie de Gilles Ménage. — Ouvrages de grammaire et de littérature. Concours littéraires. | Souscription pour la réimpression des cinq premières années de ce journal.

FRANCE

COMMUNICATIONS.

I.

Mon explication de Il n'y a pas mèche (no 4 de la présente année) m'a valu deux communications que je vais reproduire, chacune dans sa partie essentielle.

Voici la première en date :

Je me rappelle qu'au collège on nous faisait décliner un mot en grec et en latin payapos, coquus, le cuisinier, etc. Un jour nous tombons sur le mot nyn, moyen, et l'un de ces bons diables comme on en trouve toujours dans les classes, se mit à crier à son voisin : As-tu mêche? Ecrivez le mot grec en français, et vous aurez mêché. Rien d'extraordinaire à ce que l'e final soit devenu muet.

15 Septembre 1876.

Mais direz-vous, comment le mot est-il entré dans la langue?

QUESTIONS

PHILOLOGIQUES

mr

Comme beaucoup de ces expressions qui surprennent, mais qui se trouvent implantées un beau jour soit dans telle ou telle partie de la France, soit même dans la France entière. Du temps de Ronsard, on parlait grec et latin en français; pour faire comme ses partisans, ou pour s'en moquer, quelqu'un n'aura-t-il pas trouvé ce mot mèche, mot qui sera resté d'autant plus facilement qu'il existait déjà en français avec un sens tout différent? Il n'y avait pas plus d'étrangeté à dire : Il n'y a pas mèche de faire cela qu'à dire : Quel est ce seigneur qui déambule dans les xystes de ce jardin.

Voici maintenant la seconde :

Cette expression ou locution proverbiale ne saurait venir de l'italien. Elle appartient tout simplement à l'argot des

[blocks in formation]

artisans, des mariniers, ou des gens de guerre du temps jadis. En effet, l'on disait et l'on dit encore mèche de lampe, de chandelle, de vilebrequin, de mât, de cabestan, de canon, de mine, etc. Mèche désignant la partie de l'ustensile, de l'outil est tellement essentiel que de son absence doit résulter une impuissance absolue. Si bien que, même dans certains cas, âme est le synonyme très-admis et très-admissible.

Je réponds à ces objections:

4o Le terme mèche, avec le sens de moyen, se trouve dans ces vers de la Moralité de la vendition de Joseph (feuillet G. 1. verso), pièce dont la composition remonte, comme on sait, au moyen-âge :

Soit mis dedans ceste caverne,
De nul honneur il n'y a maiche.

Par conséquent, ce ne peut étre ni un partisan, ni un adversaire de Ronsard, poète du xvIe siècle, né en 1524 et mort en 1585, qui a été l'inventeur du terme dont il s'agit.

2o S'il était vrai que mèche, partie d'un ustensile, d'un outil, fût tellement essentiel que de son absence dût résulter une impuissance absolue, cette remarque n'aurait pas été le privilége de notre nation; elle aurait frappé aussi bien que nous les Allemands, les Anglais, les Espagnols et les Italiens. Or, si j'en crois le résultat de mes recherches, le mot qui traduit mèche dans la langue de chacun de ces peuples ne se trouve employé dans aucune expression où il signifie moyen.

3o L'italien dit mezzo pour moitié et pour moyen; pour moitié, l'ancien provençal dit meich et le provençal moderne miech; le patois du centre de la France emploie miche, et pour moitié et pour moyen. Or, attendu que, dans l'expression dont il s'agit, le mot mèche a le sens de moyen, il me semble impossible que mezzo ne soit pas, comme je l'ai déjà dit, l'étymologie demandée.

Après avoir relu attentivement mon article sur l'origine de mèche dans l'expression il n'y a pas mèche, je n'y reconnais qu'une erreur : c'est d'avoir fait remonter au xvIe siècle l'introduction de ce mot en français, quand il est certain qu'il s'y trouvait au moins dès le siècle précédent.

38

II.

!

D'après la lettre suivante, il y aurait lieu de déterminer, au moyen d'une règle, le nombre des noms de métier finissant en er.

Paris, le 5 juillet 1876.

Monsieur le Rédacteur,

Dans le numéro du 1er août dernier, de votre journal, vous donnez une réponse à une question sur l'orthographe des terminaisons ier et er dans les noms de métier. Vous dites que la terminaison er « n'a été conservée que dans un nombre de cas très-restreint ». En cela, vous êtes dans le vrai; seulement, je crois qu'on peut déterminer ces cas et montrer qu'il n'y a pas d'anomalie ou jeu du hasard, comme on pourrait le croire d'après votre explication.

M. Brachet remarque que les noms des arbres fruitiers se terminent par ier, excepté quand cette terminaison est précédée d'une gutturale. On écrit pommier, abricotier, mais pêcher et oranger. On trouve dans les noms de métier la reproduction de ce phénomène. En effet, les mots boucher, boulanger, cocher, horloger ont la gutturale forte ou douce devant la terminaison. C'est donc à l'influence de cette gutturale qu'il faut attribuer l'absence de l'i avant la voyelle e.

[blocks in formation]

de vos prochains numéros, si vous lui trouvez l'intérêt dont elle me paraît digne.

[ocr errors]

Au sujet du prannel dont vous avez entretenu vos lecteurs, pour lequel je vous ai adressé une communication et dont il vient encore d'être question dans votre excellent Courrier, je tiens à vous faire savoir que, dans mon pays natal (Monthureux-sur-Saône, Vosges), quelques personnes prononcent aussi le prosnel (prôné). Ce serait donc bien, je le crois, comme le conjecture votre correspondant de Rouen, < un barrage en bois placé au degré de la chambre de

Jeanne ».

[blocks in formation]

Si, après la savante communication qui m'est venue de Rouen, quelque lecteur du Courrier de Vaugelas hésitait encore à reconnaître prosnel pour l'origine de prannel, je pense que ces dernières lignes pourraient achever de le convaincre.

(Maintenon, Lell. au card. de Noailles, 2 nov. 1705.)

Il tenoit dans sa main une espèce de manifeste pour justifier l'homicide de soi-meme.

(Segrais, Prin. de Paphl. t. II, p. 221.) La religion païenne défendait l'homicide de soi-même ainsi que la chrétienne.

Première Question.

On lit dans l'ÉVÉNEMENT du 8 juin 1876 : « A propos de la mort violente de ce triste souverain, nous demanderons pourquoi on dit SE SUICIDER, ce qui est évidemment un pléonasme ». Je vous transmets cette question espérant que vous voudrez bien la résoudre dans un

(Voltaire, Dict. phil. Suicide.)

(Pour le verbe)

Vous savez ce qu'on fait à quiconque se tue,
Et que s'homicider est chose défendue.

(Scarron, D. Jap. d'Arm. IV, 5.)

Quand l'abbé Desfontaines eut fait le mot suicide (c'est le Dictionnaire de Trévoux, édit. de 1771, qui lui en attribue la paternité), ce mot se substitua peu à peu à homicide de soi-même et, quelque temps après, on remplaça s'homicider par se suicider.

Or, ce dernier verbe est loin d'être goûté par tout le monde; car non-seulement l'Académie ne l'a pas accueilli dans sa dernière édition (1835), mais encore M. Littré le recommande à l'attention des puristes dans les termes peu flatteurs qu'on va lire :

Ce verbe est très-fréquemment employé présentement; mais il est mal fait, puisqu'il contient deux fois le pronom se. Suicide, meurtre de soi : il est difficile de former avec cela régulièrement un verbe réfléchi. Suicide équivaut à soi-meurtre; se suicider équivaut donc à se-soi-meurtrir; cela met en évidence le vice de formation.

Tout homme qui répugne aux barbarismes, même usitės, fera bien de s'abstenir de l'emploi de ce mot.

Réellement, le verbe se suicider mérite-t-il la répulsion qu'il inspire dans les hautes régions du monde grammatical?

Je ne le crois pas, et voici les arguments dont je compose sa défensé :

4° Le verbe s'homicider, qui signifie littéralement soi-meme-tuer-homme, n'est pas mieux fail que se suicider, car l'idée d'homme y est pour le moins aussi superflue que celle du pronom soi dans ce dernier verbe. Pourquoi donc faire des difficultés pour admettre se suicider quand on n'en a fait aucune pour admettre s'homicider?

2o Un barbarisme, selon la définition même de M. Littré, est «< toute expression, toute locution qui viole la règle ». Mais en quoi se suicider, formé de suicide, qui a été admis sans conteste par tout le monde, viole-t-il la règle qui permet de faire un verbe avec un substantif en donnant à ce dernier une terminaison convenable? J'ai beau chercher, je ne le trouve pas.

3o Certainement, en mettant en évidence les parties composantes de se suicider, on y trouve un pleonasme; mais ce n'est pas un motif suffisant pour faire invalider

ce mot que tant de suffrages déclarent bon pour | devant l'expression le point de vue de, ce que montrent le vocabulaire il y a aussi un pléonasme dans ces exemples: s'abstenir, s'agenouiller, se moquer, se rappeler, etc., puisque ces verbes se traduisent en anglais sans pronom réfléchi (to abstain, to kneel down, to mock, to remember, etc.), et personne n'a jamais mis en doute le droit qu'ont lesdits verbes d'être toujours accompagnés d'un se qui n'est cependant pas pour eux un indispensable cortége.

4o Si l'on devail n'accueillir comme verbes composés que ceux dont les éléments feraient un sens raisonnable, ce n'est pas seulement se suicider qui serait à bannir; il y en aurait une foule d'autres, par exemple, se mourir (mourir soi-même), traduire (conduire à travers), s'en aller (aller de là soi), s'arranger (ranger soi à), complaire (plaire avec), pour n'en citer que quelques

[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small]

Ces connaissances et les actions vertueuses qui en étaient la suite, peuvent être envisagées sous un double point de

vue.

(Rollin, Hist. anc. XXVI, II, 2, 2.)

Il nous place sous un point de vue d'où il nous met sous les yeux les royaumes du monde et toute leur gloire. (Massillon, Confér.) Sous ce double point de vue nous trouvons entre eux tant de rapports.

(Rousseau, Emile, V.) Ils voient le sujet sous un point de vue, et l'auteur l'a envisagé sous un autre.

(Voltaire, Lell. Chabanon 13 janvier 1776.)

Mais, quoiqu'elle soit d'un emploi peut-être plus général encore aujourd'hui, je n'en crois pas moins cette expression inexacte et vous allez facilement comprendre pourquoi.

En effet, l'expression sous le point de vue est destinée à indiquer l'endroit où se place la personne qui examine, qui regarde, qui considère quelque chose.

Or, le nom d'un tel endroit exige la préposition à devant lui, et non la préposition sous.

Quant à sous le rapport de, qui est également d'un très-fréquent usage, il me semble avoir suffisamment démontré (Courrier de Vaugelas, 4e année, p. 94) que toute personne tenant à bien parler français doit rejeter cette expression et la remplacer par à l'égard de, relativement à, ou par rapport à.

X

Quatrième Question.

Je ne puis comprendre l'emploi de l'imparfait du subjonctif dans cette phrase: « Il ne consentirait pas à quitter son pays, LUI OFFRIT-ON UNE FORTUNE. Voudriez-vous bien m'en donner l'explication?

>>>

Cet emploi est l'effet d'une tournure, c'est-à-dire le résultat d'une transformation matérielle qui n'altère le sens en aucune façon.

Toutes les fois que, dans une phrase française, se trouve une proposition conditionnelle commençant par quand même, lors même que, même si, on peut supprimer ces conjonctions et mettre le verbe suivant à l'imparfait du subjonctif, avec le pronom sujet après lui. Ainsi, au lieu de dire avec la phrase au complet :

Si je le trouve, je le veux échiner quand même je devrais être roué tout vif;

Voilà pourquoi l'administration est déjà par elle-même si bienfaisante, quand même elle se tromperait dans son choix ;

on s'exprime d'une manière plus élégante (parce que la construction en est plus difficile) en disant, avec les auteurs dont les noms suivent:

Si je le trouve, je le veux échiner, dussé-je être roué tout vif.

(Molière, Fourb. de Scap. II, sc. 9.) Voilà pourquoi l'administration est déjà par elle-même si bienfaisante, se trompát-elle dans son choix.

(Vor Cousin.)

[merged small][merged small][merged small][ocr errors]

D'après le Dictionnaire étymologique de Noël et Carpentier, le peuple prononce sainte Mitouche.

Enfin, les patois wallon et bourguignon emploient aussi sainte Mitouche.

Parmi les mots dont Ménage a cherché l'étymologie entendu : se trouve l'expression sainte Mitouche.

On lit dans le Ducatiana (t. II, p. 524, éd. d'Amster-
dam) que sainte Mitouche se dit communément.
Voltaire s'est servi de sainte Mitouche dans ces vers:
L'un à son aide appelle saint Martin,
L'autre saint Roch, l'autre sainte Mitouche.

Mais ceux qui pensent que sainte Nitouche est préférable sont loin d'être rares, car je remarque figurant dans le nombre :

La parole modeste et les yeux composez,

Entra par reverence, et resserrant la bouche, Timide en son respect, sem bloit saincte Nitouche. 2o Furetière, ainsi que les auteurs du Dictionnaire de Trévoux (4771).

Le destre poign ad perdut, n'en ad mie.
(Ch. de Roland, st. CXCI.)
Se ele ne sospiret ne manjout mie...

(Livre de Job, p. 470.)

Où la forest ert enhermie,
C'on ne véoit la clarté mie
De la Lune...

Li roi et li soudant ne l'oublierent mie.
(Ch; des Sazons, VIII.)

Il lur respunt, n'en doutez mie.

Ceci a naturellement conduit à l'appellalion de sainte n'y touche, comme on écrivait au xvre siècle et comme Moisant de Brieux et Colgrave le faisaient encore au xviio. Or, il est facile de comprendre que, moyennant un léger changement dans l'orthographe et dans la pro

1o Le poète Régnier, qui a employé cette expression nonciation (car, rigoureusement, on devrait dire Nidans la satire xu:

touche avec un i long comme dans n'y), cette expression substantive soit devenue sainte Nitouche.

Ceste cy n'est mie la mienne.

3o L'Académie de 1835, M. Littré et tous les lexicographes modernes.

Ces deux expressions sont-elles également bonnes, comme le croyait Antoine Oudin (Curiositez françoises), ou bien l'une est-elle meilleure que l'autre?

Je crois que sainte Nitouche est la seule qu'on doivenit, employer, et je vais vous dire les raisons que j'ai de penser de cette manière.

Les tenants de sainte Mitouche dérivent ce mot du verbe toucher et de mie, qui a été une négative fort usitée dans l'ancien français; de sorte que, pour eux, l'expression signifie littéralement une personne qui mie touche (ne touche pas).

Mais cette étymologie est tout-à-fait inadmissible, car elle suppose que la négation mie se construisait avant le verbe qu'elle accompagnait, tandis qu'au contraire, elle se mettait généralement après (dans les temps simples), comme les exemples suivants en sont la preuve :

(Barbazan, I, p. 198.)

(Marie de France, t. II, p. 186.)

(Rabelais, Pant. IV, Nouv. prol.) Dans l'expression en question, le mot Mitouche ne peut être qu'une corruption de Nitouche, lequel a été formé comme je vais maintenant vous l'expliquer.

En parlant d'une femme dissimulée, d'une prude, d'une fille hypocrite, qui fait semblant de ne pas s'occuper de galanterie, on a dit qu'elle n'y touchait pas, le pronom y tenant la place du complément sous

De quel œil la traîtresse a soutenu ma vue!
De tout ce qu'elle a fait elle n'est point émue;
Et, bien qu'elle me mette à deux doigts du trépas,
On dirait, à la voir, qu'elle n'y touche pas.
(Molière, Ec. des fem. IV, 1.)
Mon Dieu, sa sœur, vous faites la discrète,
Et vous n'y touchez pas, tant vous semblez doucette!
(Idem, Tart., I. sc. 1)

Le nom de sainte Nitouche ayant toujours désigné une personne d'une apparence innocente et douce (c'est du moins ce donnent à penser les derniers vers de Molière cités plus haut), il me semble que beaucoup auront cru, grâce à cette circonstance, que Nitouche venait de l'adjectif latin mitis, doux, et qu'ils auront substitué en conséquence mit, radical de cet adjectif, à première syllabe de Nitouche.

A mon avis, voilà comment on peut rendre compte d'un changement de n en m qui, s'il s'était opéré autrement, serait sans analogue dans notre langue.

X

Seconde Question.

Pourquoi les pharmaciens donnent-ils le nom d'AxONGE à la graisse de porc fondue?

Selon Pline (liv. xxvn, p. 273, coll. Nisard), les anciens employaient principalement la graisse de porc à enduire les essieux pour faire tourner plus aisément les roues, et ils lui donnèrent pour cette raison le nom d'axungia, formé de axis, essieu, et de ungere, oindre..

[merged small][ocr errors]
[merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors]

1... autant de fois mille louis, ou autant de milliers de louis (voir Courrier de Vaugelas, 2 année, p. 69); — 2°... il ne paraît pas en avoir plus de cinquante; 3° On a remis entre les mains (voir Courrier de Vaugelas, 1re année, n° 1, p. 2); 4... considérablement corrigée avant d'être (on ne dit plus avant que de); — 5°... le veston, la redingote, voire le pantalon gris (on ne met pas de même après voire); — 6° Mais cela exige-t-il une couple de millions (on ne dit paire que pour deux choses allant ensemble); — 7°..... qu'on aura laissés s'accroitre sans s'inquiéter de les connaître;-8'... qu'avec tous les défauts que je puis avoir.

[ocr errors]

Phrases à corriger trouvées pour la plupart dans la presse périodique et autres publications contemporaines.

1° Dès lors les bouchers n'eurent plus de crainte, et, bien que plus de cinquante garçons bouchers aient été atteints de boutons charbonneux, aucun ne succomba pendant toute la durée du siége sans même que j'eusse à les voir ni à les saigner.

2. A quoi songez-vous donc, mon ami, en invitant cette veuve décriée, à la religion de laquelle personne ne croit, et qui a pour fille un laideron assez dévergondé?

3. Tous les vendredis, Sainte-Beuve avait pour coutume d'aller communiquer son article manuscrit au directeur du Constitutionnel, à qui cet acte de déférence littéraire était on ne peut plus agréable.

4° La réunion de ces délégués formerait un syndicat des bibliothèques populaires auquel il sera soumis les questions d'intérêt général et qui s'occupera des voies et moyens du développement à donner à ces institutions démocratiques.

5. Les toitures de plusieurs maisons ont été enlevées. Les cabines des bains ont été renversées. Le rédacteur en chef de la Vigie a manqué périr.

6 M. Bocher est ancien préfet du gouvernement de juillet et régisseur des biens de la familie d'Orléans. Il paraît vingt ans de moins que son age; jamais Normand ne montra tant de vigueur.

7. C'est assurément, parmi nos jeunes diplomates, l'un de ceux qui a le plus d'avenir. Il a beaucoup voyagė, beaucoup vu, beaucoup retenu, beaucoup comparé et trèsbien observé.

8. Il est bon de rappeler souvent les paroles, les faits et les gestes des chefs bonapartistes; c'est le meilleur moyen de leur empêcher de faire de nouvelles dupes.

9. Puisqu'on a tant fait que de perfectionner la guillotine, ne pourrait-on pas trouver un moyen mécanique qui rejette la tète dans le panier et évite cet affreux transvasement?

10 L'ex-dictateur passe sans doute aux yeux de son parti pour avoir une haute compétence militaire, car il parle de tout, tranche de tout, et fait voter ce qu'il veut par la majorité républicaine.

(Les corrections à quinzaine.)

FEUILLETON.

BIOGRAPHIE DES GRAMMAIRIENS

SECONDE MOITIÉ DU XVII SIÈCLE.

Gilles MÉNAGE.

(Suite.)

Noms indéclinables. Nous avons plusieurs noms dans notre langue qui ont le « plurier» semblable au singulier. Nous disons, par exemple, un opera, deux opera; un pater et un avé, cinq pater et cinq avé; un te-Deum, deux te-Deum, quoiqu'on dise au pluriel des factons, des dictons; un acacia, deux acacia.

Ménage dit toujours des impromptu.

Les noms des lettres de l'alphabet ne se déclinent point, et cela, à l'imitation de ceux des lettres grecques et latines.

S'il faut dire sel armoniac, ou ammoniac. D'après l'étymologie, il faudrait dire ammoniac, ce mot ayant été fait d'ammoniacum; mais l'usage veut qu'on dise armoniac, et les Italiens disent de même armoniaco.

S'il faut dire arbaleste, ou arbalestre. Les Latins ont dit arcubalista et arcubalistra; du premier nous avons fait arbaleste, et du second arbalestre. Mais aujourd'hui (4672), quoique nous disions arbalestrier, nous disons arbaleste; ainsi le veut l'usage.

S'il faut dire protocole, ou protecole; protonotaire, ou protenotaire. — L'étymologie voudrait protocole, protonotaire; mais ces trois o de suite sont désagréables à prononcer, et l'on dit protecole, protenotaire.

S'il faut dire le chaignon, ou le chignon du cou. On devrait dire le chainon du cou, ce mot ayant été fait de catena; mais, malgré cette raison, il faut dire le chignon du cou, car l'usage le veut ainsi.

S'il faut dire Cypre, ou Chypre. Vaugelas veut qu'on dise l'isle de Chypre et de la poudre de Chypre. Ménage n'est pas de son avis à l'égard de l'ile; on trouve partout l'isle de Cypre. Quant à la poudre, il accepte Chypre puisque c'est ainsi que parlent les dames d'après lui, il convient de dire l'isle de Cypre et de la poudre de Chypre.

Le son eu changé en u dans les dérivés. Quoiqu'on dise heur, bon-heur, malheur, valeur, il faut dire, en se conformant à l'usage, hureux, bien-hureux, malhureux, valureux.

[ocr errors]
[ocr errors]

Distinction entre fleuve et riviére. Le mot rivière se dit des grands et des petits cours d'eau; fleuve ne se dit que des grands.

S'il faut dire trouver, ou treuver. Sans comparaison, comme l'a décidé Vaugelas, trouver est le meilleur; mais vu l'emploi qui est fait de treuver, on ne peut pas dire que ce dernier ne se dise plus.

S'il faut dire pomme de cas-pendu, ou de courtpendu. On doit dire pomme de capendu, quoiqu'on trouve dans Nicot, carpendu, et que les auteurs de l'Abrégé des bons fruits aient dit courpendu.

S'il faut dire carmes deschaux, ou carmes deschaussez. Nos anciens disaient carmes deschaux ; mais

« PreviousContinue »