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QUESTIONS

GRAMMATICALES jackm

PRIX:

Par an, 6 fr. pour la France, le port en sus pour l'étranger. Annonces Ouvrages, un exemplaire; Concours littéraires, gratis.

COURRIER DE VAUGELAS

ANCIEN

N° 3.

FRANCE

LE

CONSACRÉ A LA PROPAGATION UNIVERSEL LE DE LA LANGUE FRANÇAISE

Paraissant le 1 et le 15 de chaque mois

(Dans sa séance du 12 janvier 1875, l'Académie française a décerné le prix Lambert à cette publication.)

Rédacteur : EMAN MARTIN

PROFESSEUR SPÉCIAL POUR LES ÉTRANGERS
Officier d'Académie

26, Boulevard des Italiens, à Paris.

SOMMAIRE.

Communication sur l'âge et l'étymologie de Haricot; Origine de Pays de Cocagne; S'il y a une différence entre Imposer et En imposer; - L'expression Tirer à balle que veux-tu. || Étymologie de Prix dans Au prix de; Cas dans lequel Appeler doit être précédé de En. || Passe-temps grammatical.

Suite de la biographie de Gilles Ménage. || Ouvrages de grammaire et de littérature. || Concours littéraires. || Renseignements offerts aux Étrangers.

COMMUNICATION.

Journal Semi-Mensuel

-

A l'occasion du renouvellement de son abonnement, M. Georges Garnier m'a adressé, en date du 29 avril, une lettre relative à haricot, dont je détache les deux parties suivantes, l'une, qui concerne l'époque où apparut ce mot, l'autre, son étymologie.

:

Constatons d'abord que l'emploi de ce terme est beaucoup plus ancien, dans notre langue, qu'on ne le pense généralement ainsi Jehan Palsgrave, dans son Eclaircissement de la Langue françoyse, Londres, 1530, le place au nombre des substantifs commençant par une h aspirée (Voy. réimpression de Palsgrave par l'Imprimerie nationale, 1852, in-4°, p. 18), et dans le Supplément au Dictionnaire de l'Académie, rédigé par M. Barré sous la direction d'une commission de membres de l'Institut, je lis : « Il est souvent question des haricots de Montaigu dans les poésies du xvi® siècle, parce que les écoliers du Collège de Montaigu étaient presque exclusivement nourris de haricots. »

Ce collège de pouillerie », comme dit Rabelais (Liv. I, ch. xxxvII), fondé en 1314, par Gilles Aiscelin, archevêque de Rouen, avait été surnommé par les écoliers Collège des haricots, et la diète sévère qui en faisait la règle pensa être fatale à Erasme pendant un court séjour qu'il fit dans cette cour de la faim. »

1er Juillet 1876.

QUESTIONS

PHILOLOGIQUES

Vous aviez raison de dire que haricot a d'abord désigné la plante et ne s'est appliqué au fruit que postérieurement c'est ainsi qu'après avoir dit des baies d'olive, des pommes de grenade, d'orange, on a dit, par métonymie, des olives, des grenades, des oranges, etc., pour le fruit, et que

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l'arbre est devenu l'olivier, le grenadier, l'oranger, etc. « Le nom de haricot est commun à la plante et au fruit qu'elle produit..... lorsque le grain est sec, on dit fève de haricot..... L'espèce du haricot est originaire des Indes » (Valmont de Bomare, Dictionnaire d'histoire naturelle, tome VI). Faudra-t-il remonter au berceau de notre race et chercher dans les dialectes de l'Inde l'étymologie de cette légumineuse?... C'est possible; mais le grec, qui a tant de racines communes avec le sanscrit, nous fournira peut-être la solution de ce problème philologique.

Les Dictionnaires d'Alexandre et de Chassang portent : « Aolyós, haricot », et le Thesaurus de Henri Estienne : « AoXixós, longus, o doλixóc, legumen quoddam, Phaselus, Pisum, secundum quosdam. » Je consulte le Lexicon latin de Forcellini, et je lis « Phaselus, genus leguminis quod quidam in duo genera dividunt, majus et minus. » Notez bien cette distinction, et ouvrez le Dictionnaire de Trévoux : Haricot, en latin smilax hortensis, sive phaseolus major, c'est-à-dire fève ou feverole majeure.

Or, l'adjectif grec dolichos, long, a dû être d'abord joint au substantif phaselos pour désigner la graine allongée du haricot, par opposition au pois, qui est court et sphérique : celui-ci était le pisum, celui-là la phaselus longus, páonloc Boltxós, traduit ensuite par fève dolichos, et, par corruption, fève d'olichos. L'épithète est devenue le substantif, comme cela est fréquent, et le d qui la précède aura disparu, ayant été pris seulement pour une préposition confondue avec l'article. Exemple: unicornis, licorne, a donné d'abord une icorne, l'icorne, et enfin licorne; mon amie, m'amie, ma mie : au contraire, andier, hierre, en soudant l'article au substantif, ont donné le landier, le lierre; alzernig, alkoran (c'està-dire le zernig, le Koran), l'arsenic, l'alcoran, etc., etc.

D'olichos à haricot, l'analogie est frappante, et il n'y a à faire qu'une transformation, très-usuelle, des liquides / en r, et des voyelles o en a. C'est par une opération de ce genre que le savant F. Génin tirait son haricot de mouton de l'adjectif aliquote, mais si matériellement son système était bien fondé, logiquement ses déductions étaient bien forcées.

Au contraire, rien de plus simple que notre raisonnement, rien de plus naturel que l'enchaînement des preuves:

Þáondós dolixos, fève longue, fève dolichos.
Φασηλος δ' ολιχος, fève d'olichos.

Olichos, pris substantivement alichos, arichos, aricho, haricot.

Evidemment, j'ai commis une erreur, une grave erreur en disant (Courrier de Vaugelas, 6 année,

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Le meillor et tout le plus fin Qui onques créust à Auçuerre, A Rocele, ne à Tonnerre,

Et quatre quaresmiaux-prenanz,
Et un quaresme a en vint anz,
Et cil est à juner si bons,
Que chascuns i a toz ses bons;
Dès le matin jusqu'après none
Mangue ce que Dex li done,
Char ou poisson ou autre chose
Que nus defendre ne lor ose.

Et tant est li païs pleniers
Que les borsées de deniers
I gisent contreval les chanz;

Encore i a autre merveille, C'onques n'oïstes sa pareille, Que la fontaine de Jovent Qui fet rajovenir la gent.

Maintenant, reste à savoir d'où vient le mot Cocagne. Suivant Lamonnoye, Cocagne est un pays imaginé par le fameux Merlin Cocaye qui, tout au commencement de sa première Macaronée, après avoir invoqué certaines muses burlesques, décrit les montagnes qu'elles habitent comme un séjour de sauces, de potages, de brouets, de ragoûts, de restaurants, où l'on voit couler des fleuves de vin et des ruisseaux de lail. Ce pays, ajoute-t-il, a dû tirer son nom de son inventeur, et Cocagne n'est qu'une altération de Cocaye.

D'après quelques autres, il y a en Italie, sur la route de Rome à Lorette, une petite contrée appelée Cocagna, dont la situation est très-agréable, le terroir très-fertile, et où les denrées sont excellentes et à bon marché; c'est là qu'ils trouvent le modèle du pays de Cocagne.

L'opinion de Furetière est que, dans le haut Languedoc, on appelle Cocagne un petit pain de pastel, avant qu'il soit réduit en poudre et vendu aux teinturiers, et que, comme le pastel ne croit que dans des terres trèsfertiles, on a donné le nom de Cocagne à ce pays, où il est d'un très-grand revenu, et, par extension, à tout pays où règnent l'abondance et la bonne chère.

Mais toutes ces étymologies sont inadmissibles, fondées qu'elles sont sur des faits postérieurs au XIII° siècle, époque à laquelle le mot Cocagne existait déjà depuis longtemps, comme le fabliau que j'ai cité en commençant le met en évidence.

Je crois avec M. Littré que le mot Cocagne vient du latin coquina, cuisine, et voici les raisons sur lesquelles j'appuie cette opinion:

1o Les formes anciennes de Cocagne étaient Cokagne, Coquaigne et Cokaine. Or, comme il n'est nullement rare de voir qu changé en c, ou en k; i en ai (le picard dit brouaine pour bruine), n en gn, j'en conclus que coquina a pu donner Cocagne.

2o Dans la grammaire anglo-saxonne du savant Hickes, on trouve (vol. Ier, p. 231) une note où il est dit qu'autrefois les paysans d'Angleterre appelaient cokains (écrit depuis cockneys), les habitants des villes parce que ceux-ci avaient abandonné les travaux rustiques pour une vie sédentaire et presque oisive, et que, chez les anciens Français, on appelait coquins ceux qui

s'adonnaient à l'oisiveté, à la paresse. Or, comme ce dernier terme a pu signifier, dans l'origine, des gens qui venaient mendier aux cuisines des grands (ce qu'implique assez bien le sens donné par nos ancêtres à coquin), il en résulterait que cokain venant de coquin, il n'y aurait rien de surprenant à ce que Cocaigne, autrement dit Cocagne, vint de coquina.

30 Enfin, pour peu qu'on lise attentivement le fabliau de Barbazan, on s'aperçoit que, si la description du pays de Cocagne parle de dormir, de richesses, d'amour, d'abondance de vêtements, de jeunesse recouvrée, etc., elle n'en est pas moins presque entièrement consacrée à l'énumération de toutes les choses propres à satisfaire les besoins de l'estomac. Or, par l'idée de cuisine qui en fait le fond, cette description me semble justifier une fois de plus l'étymologie que j'ai adoptée.

X
Seconde Question.

Est-il vrai, comme le disent plusieurs grammairiens, qu'il y ait une différence de sens entre IMPOSER et EN IMPOSER? Je vous prierais de vouloir bien me dire votre avis à ce sujet.

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(on trouve dans Quicherat imposuit Catoni, il a trompé Caton; imposuit mihi caupo, le cabaretier m'a dupé); le français a fait de même pour imposer, et, en supprimant le régime direct que pouvait avoir ce verbe, il a dit indifféremment imposer à quelqu'un, ou en imposer à quelqu'un, ce dont voici des preuves évidentes:

Le verbe imposer (du latin in, sur, et de ponere, placer) veut pour régime direct le nom de la chose et pour régime indirect (avec à) le nom de la personne.

Quand ce verbe a pour régime respect, soumission ou crainte, il est loisible de supprimer complétement ce régime ou de le remplacer par le pronom en, ainsi qu'on le voit dans les phrases suivantes :

(Imposer sans le pronom en)

Il imposait par la taille et par le son de la voix.

(Vauvenargues, Dial. 9, Cés. Brut.) Ce ton pouvait révolter, mais il imposait.

(Raynal, Hist. phil., X, 16.) L'amour qui l'environne impose à ma puissance. (Cas. Delavigne, Paria, II, s.) (Imposer avec le pronom en) A ceux qui n'ont ni rang ni richesse qui en imposent, il leur reste une âme, et c'est beaucoup.

(Marivaux, Marianne, 4 partie.)

Ils n'auraient point cédé aux évêques; mais le cardinal légat leur en imposait.

(Voltaire, Hist. pol., ch. 38.) Au milieu de ces sons discordants d'oiseaux s'élève une grande voix qui leur en impose à tous.

(Buffon, Morc. chois., p. 310.)

Il est sûr que de hautes montagnes, que d'antiques forêts, que des ruines immenses en imposent.

(Diderot, Ess. sur la peint., 3.) Par la pompe des mots, l'éloquence en impose. (Gilbert, Te xvi• siècle.) L'ascendant de son génie lui donnait tous les esprits... son nom seul en imposait aux factieux de la littérature.

(Imposer, tromper, sans le pronom en)

Pour me faire croire ignorant, vous avez tâché d'imposer aux simples.

(Bossuet, Anne de Gonz.) Qu'elle ne pense pas que par de vaines plaintes, Des soupirs affectés et quelques larmes feintes, Aux yeux d'un conquérant on puisse en imposer.

(Bossuet, Variat., III, 3.)

De fort près, c'est moins que rien; de loin, ils imposent.

(Voltaire, Orph., III, 1.) D'où il suit que, quoi qu'en aient dit les grammai

(La Bruyère, II.)

Je m'étais laissé imposer par le discours et la philosophie riens, principalement M. Lemaire (Gram. des Gram., de Caton. p. 1176), le verbe imposer, qu'il ait le sens de commander le respect, inspirer de la crainte, ou qu'il signifie tromper, faire illusion, peut parfaitement se construire, à la volonté de l'écrivain, soit seul, soit accompagné du pronom en. Et cela est si vrai, dit M. Littré, dont j'ai emprunté ici les exemples, que Massillon, dans une seule et même phrase, a employé imposer et en imposer ne consultant pour le choix que son oreille.

(Corneille, Letl. apol.). Leurs paroles, aussi peu solides qu'elles semblaient magnifiques, imposaient au monde.

(Bossuet, Hist,, II, 12.) Qui ne s'y fût trompé? Jamais l'air du visage, Si ce qu'il dit est vrai, n'imposa davantage. (Molière, l'Etour., III, 2.) Langage ordinaire de la calomnie, qui ne s'énonce jamais plus hardiment que quand elle impose plus faussement. (Bourdaloue, Myst. pass. de J.-C., t. I, p. 369.) Pendant que la vérité est contredite, l'hérésie lève la tête, impose et triomphe.

(Fénelon, Lell. au P. Le Tellier.) Ce malheureux' talent de tromper et de plaire, D'imposer aux esprits et d'éblouir les yeux. (Voltaire, Tancr., II, 4.)

(Imposer, tromper, avec le pronom en) Le discours affectueux de Néron n'en imposa point à Sénèque.

(Diderot, Cl. et Nér., I, 90.)

Est-ce peut-être que tous ceux qui errent sont de bonne foi? L'homme ne peut-il pas, selon sa coutume, s'en imposer à lui-même?

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Troisième Question.

Je trouve la phrase suivante dans l'EVÉNEMENT du 19 mars 1876: « Autrefois nous avons accueilli et nourri les Polonais, ce qui n'a pas empêché plusieurs régiments de cette nation sympathique de bombarder Paris avec les Allemands, et de tirer a balle que veuxTU sur nos lignards et sur nos mobelots. » Je n'ai jamais entendu dire: TIRER A BALLE QUE VEUX-TU. Cette expression est-elle bonne? Je vous serais reconnaissant si vous vouliez bien me dire votre avis à ce sujet.

(P.-L. Courier, Lettres, II, 310.)

L'auteur des lignes que vous citez avait connaissance

Le latin employait imponere avec le sens de tromper de l'expression traiter quelqu'un à bouche que veux-tu,

que nous employons pour signifier faire faire à quelqu'un une excellente et copieuse chère; il a voulu lui donner une variante, et il a écrit tirer à balle que veux-tu, pensant exprimer d'une manière aussi permise qu'élégante l'idée d'envoyer des balles à satiété.

Il s'est singulièrement trompé, comme je vais vous le faire voir.

Dans l'expression traiter quelqu'un à bouche que veux-tu, qui signifie littéralement lui offrir un repas où la profusion des mets est telle qu'on semble dire à sa bouche « bouche, que veux-tu ? parle, et aussitôt tu l'auras », la question que veux-tu vient très-naturellement après le substantif bouche, attendu que ce mot désigne une partie du corps pouvant éprouver le désir que ladite question est destinée à provoquer.

Mais il n'en est pas de même dans tirer à balle que veux-tu, tant s'en faut; ici la question que veux-tu ? vient après balle, un nom d'objet inerte, qui n'a point de désirs que l'on puisse chercher à connaître pour les satisfaire, et auquel, par conséquent, cette question ne peut être adressée.

D'où cette conclusion (applicable à toutes les phrases analogues où le substantif venant après la préposition à ne désignerait pas un objet de nature à pouvoir désirer quelque chose) que tirer à balle que veux-tu est une construction impossible, vu qu'elle présente des termes que la raison ne permet pas de réunir.

ÉTRANGER

Première Question.

Je vous prierais de me dire, s'il vous plaît, quelle est l'étymologie du mot PRIX dans ces vers de La Fontaine : « La mort-aux-rats, les souricières N'étaient que jeux AU PRIX DE lui. »

L'expression au prix de a deux significations bien. distinctes dans notre langue : l'une, qui est moyennant le prix de, moyennant le sacrifice de, et l'autre, qui est en comparaison de.

Dans la première, prix vient évidemment du latin pretium; mais il n'en est pas de même pour la seconde, car jamais pretium, que je sache, n'a voulu dire comparaison.

D'où vient donc prix employé dans ce sens? Nous avons en français une locution prépositive, auprès de, qui a absolument la même signification et le même emploi que au prix de, ainsi que le montrent ces exemples, où, sans altérer le sens, on peut remplacer au prix de par auprès de :

Ce peu d'années au prix de l'éternité ne sera considéré que comme une goutte d'eau de la mer, ou un grain de sable. (Saci, Bible, Eccl., xvII, 8.) Que l'homme, revenu à soi, considère ce qu'il est au prix de ce qui est. (Pascal, Pens., I, 1.) Le bois le plus funeste et le moins fréquenté Est au prix de Paris un lieu de sûreté.

(Boileau, Sat., VI.)

Or, à mon avis, c'est cette locution qui a donné au prix de, et j'explique le fait ainsi qu'il suit :

1o Le vocable près a pu devenir pris, car le changement en i d'un e final suivi d'une s ou d'un x n'est pas chose dépourvue d'exemples, puisque les mots latins merces, tapes, vervex ont donné en français merci, tapis, brebis.

2o Pendant longtemps le mot prix (de pretium) s'est écrit pris, ce dont j'ai trouvé les preuves suivantes dans le Dictionnaire de Cotgrave (1660):

A pris d'argent.

A quelque pris qu'est le bled.

Toute chose se vend au pris de l'œil.

Quand on en vint à l'écrire définitivement par un x, au lieu d'une s, on aura donné par erreur la même orthographe à pris dans l'expression dont il s'agit, et l'on aura eu ainsi au prix de avec la signification de en comparaison de.

3o Du reste, voici un exemple de auprès de (sous la forme de au pris que, comme se trouvant devant un verbe à un mode personnel) dans le sens de à proportion que, sens synonyme de en comparaison de, où l'e seul de près est changé en i:

Au pris qu'ilz approchoient, les Parthes s'enfuyoient. (Amyot, Rom. 46.) Ne serait-il pas bien étonnant, en effet, que au prix de pût se remplacer aussi parfaitement par auprès de; que les règles de la permutation des lettres permissent d'expliquer aussi facilement le changement de près en pris ; qu'un auteur du xvIe siècle nous offrit au pris que avec le sens de à proportion, à mesure que, sens qui dérive de celui de auprès de, et que ce dernier ne fût pas la source d'où, à une époque plus ou moins reculée, on a tiré le prix de la locution au prix de signifiant en comparaison de ?

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...

y a métalliques au commencement]; 5°... que ce sont elles qui se laissent diriger; — 6°... La prussianisation de la province [le mot prussification n'est pas français et ne peut l'êtrej; — 7° ... chemins de fer français que de constater [voir Courrier de Vaugelas, 3° année, p. 74]; 8°. se sont fait remarquer [suivi d'un infinitif le participe fait est toujours invariable]; 9° ... va les mettre en échec, ils se retournent [pas alors puisqu'il y a quand en tête de la phrase]; — 10° ... montre-toi bien assidu [à moins qu'ils ne soient suivis de en ou de y, et encore dans certains cas, les verbes de la première conjugaison ne prennent pas d's à la personne singulière de l'impératif].

Phrases à corriger trouvées pour la plupart dans la presse périodique et autres publications contemporaines.

1 Messieurs, commence-t-il d'une voix forte, presque tonnante, qui retentit tristement au fond de tous les cœurs, j'ai le premier demandé à être poursuivi.

"

2. En tout cas, ni la séduisante somnambule ni moi ne seront brûlés vifs, comme nous l'eussions été jadis, au temps heureux de la très-sainte Inquisition.

3. La Commission à laquelle avait été renvoyé l'examen de l'idée de M. Proust ne s'est pas laissée arrêter par ce flot d'ironie attique; elle a conclu avec audace à la prise en considération.

4. Ce ne sera que par la cession prompte des hostilités, des concessions libérales et des garanties non illusoires que la perte de la Bosnie et de l'Herzégovine pourra être évitée.

5° J'ai éprouvé cela de la part de gens d'ailleurs regret

tables, que j'ai vus depuis célébrer comme de grands patrons et des amateurs de l'esprit.

6° Leur amour-propre était moins encore blessé d'une exclusion humiliante que leur vigilance était préoccupée des causes secrètes qui l'avaient déterminée.

7° Comment voudrait-on qu'ils s'entendent les uns et les autres?

8. Ce précédent établi, il est à craindre que les mêmes menaces soient faites cet été à tous ceux qui refuseront à leurs femmes de les conduire à la campagne ou aux

eaux.

9o Le pauvre homme faillit en être renversé; mais, au bout de quelques mois, ayant recouvré ses esprits, il fit arreter la belle Lydia, retour de Perpignan.

10° La prime offerte aux dénonciateurs a, par contre, excité une émulation considérable. Le Louvre n'a pas reçu moins de 250 lettres indiquant la retraite des deux jeunes gens en rupture de caisse.

(Les corrections à quinzaine.)

FEUILLETON.

BIOGRAPHIE DES GRAMMAIRIENS

SECONDE MOITIÉ DU XVII SIÈCLE.

Gilles MÉNAGE.

(Suite.)

Becquée ou béchée. Ménage croit qu'on peut dire l'un et l'autre; mais il fait remarquer qu'à Paris on dit plus communément becquée, et dans la province béchée.

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S'il faut dire amelette, ou omelette. Le long de la rivière de la Loire, on prononce amelette; à Paris, on dit amelette et omelette; l'un et l'autre «est» bien dit selon notre auteur.

Si les mots jusque, encore, mesme, guére, naguére, oncque, ore, avecque, presque, certe doivent s'écrire avec une s finale ou sans cette lettre. Vaugelas a dit hardiment qu'on n'écrivait jamais jusque. C'est une grave erreur; dans jusque-là il est très-bien dit. Les Italiens disent ancora, d'où nous avons fait encore, qui est le véritable et ancien mot. Les poètes ont introduit encores; mais aujourd'hui (1672) ce mot n'est plus en usage, ni en prose ni en vers. Quand mesme est pronom, c'est-à-dire employé dans le sens de l'italien medesimo, il fait mesme au singulier et mesmes au pluriel; mais quand il est adverbe, c'est-à-dire qu'il a le sens du latin maximè, il devrait toujours s'écrire sans s'à la fin. Guére et naguére, ainsi que guéres et naguéres, sont en usage. Oncque et onques ont vieilli comme ore et ores. On disait autrefois indifféremment avecque et avecques, et Vaugelas s'est trompé en soutenant que jamais aucun de nos bons auteurs ne s'est permis d'employer ce dernier. — Anciennement, on disait presque et presques. Quant à certes, quoiqu'il vienne du latin certè, nous ne le disons jamais sans s finale, c'est une bizarrerie de notre langue.

S'il faut prononcer j'ay u, ou j'ay eü; oust, ou aôust; ailleurs, ou allieurs; aider, ou aïder. Il n'y a que les « badaux » de Paris qui prononcent eu en deux

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