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la grâce et l'acte salutaire procède de l'œuvre du libre arbitre. Cet ouvrage fournit aux théologiens, sur la grâce, la justification et le mérite, un enseignement dogmatique complet, et remarquable en même temps par sa concision et sa netteté ! L.-M. BENOIT, S. J.

I.

Divinité de l'Église. Conférences apologétiques, par l'abbé R. PLANEIX, missionnaire diocésain. Paris, Lethielleux, 1896. 1 vol. in-12, pp. 332. Prix : 3 fr. 50.

II. L'Église et la France, XIVe Centenaire du baptême des Francs, par l'abbé R. PLANEIX. Paris, Lethielleux, 1896. In-12, pp. 56. Prix: 75 centimes.

I. — La divinité de l'Église est la plus ferme colonne du christianisme. A ce titre, elle a toujours été le point de mire des librespenseurs, ceux-ci étant persuadés que s'ils viennent à la renverser, l'édifice entier tombera en poussière, et que si elle reste debout, les vérités et les préceptes apportés du ciel s'imposent d'autorité et demeurent inattaquables.

Ils sont donc bien avisés les apologistes qui s'efforcent d'éclairer et d'affermir, sur ce point, la foi des fidèles, et cherchent par surcroît à dissiper les préjugés des incroyants. Ce but, M. Planeix l'a déjà réalisé dans une bonne mesure, puisque ses conférences, si nous sommes bien informé, ont vivement intéressé de nombreux auditeurs, groupés autour de la chaire de Saint-Amable de Riom.

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Le premier volume qui sera bientôt suivi de deux autres traitant de la constitution de l'Église et de ses rapports avec l'État comprend seulement huit conférences. Un discours préliminaire sur l'état présent du catholicisme met en présence les raisons de craindre et les raisons d'espérer; et la conclusion de ce parallèle, c'est que l'espoir doit triompher de la crainte. Dans les quatre conférences qui suivent, M. Planeix montre que, seule parmi toutes les grandes institutions fondées sur la terre, l'Église Romaine est une, sainte, catholique et indéfectible, comme l'atteste avec d'innombrables victoires, son admirable organisation. Les dernières conférences présentent l'Église comme une source inépuisable de bienfaits, comme un foyer de lumière et de charité pour l'individu, la famille, la société.

Même à la simple lecture, ces conférences offrent un réel intérêt. Le style n'a pas cette uniformité un peu lourde, que ne savent pas éviter de bons prédicateurs; tantôt il reste simple, familier même; tantôt il s'élève jusqu'à nous saisir par de vives et pittoresques images. M. l'abbé Planeix a suivi le conseil que Mgr Besson, je crois, donnait aux jeunes orateurs de la chaire : il a étudié les grands conférenciers du dix-neuvième siècle. Grâce à cette fréquentation, grâce aussi à un fonds assez riche d'imagination et de sensibilité, il a trouvé le secret d'une langue ornée, coulante, qui est bien à lui. Il procède surtout, me semble-t-il, de l'orateur qui, dans notre siècle, jeta sur la chaire chrétienne le plus vif éclat, de Lacordaire. On rencontre parfois chez lui, des phrases, des mouvements oratoires, éveillant le souvenir de passages analogues, qu'on avait jadis admirés dans le célèbre orateur de Notre-Dame.

Hâtons-nous de dire qu'il ne s'agit pas ici d'imitation servile, encore moins de plagiat. Le vrai, c'est que l'auteur voulut, dès ses débuts, régler son essor sur l'aigle de la chaire contemporaine; puis sentant bientôt que lui aussi avait des ailes, il a suivi sa voie propre, mais sans perdre entièrement de vue un guide qui l'a fasciné. En s'appropriant plusieurs de ses qualités, peut-être aussi en a-t-il pris quelques légers défauts: certaine tendance à baser parfois de graves conclusions sur des arguments plus brillants que solides; à ériger en lois, en les exagérant un peu, des faits particuliers, à peine hors de conteste. Il manie habilement l'ironie. Je crains même qu'il n'en abuse quelquefois; car s'il est des cas où cette arme paraît excellente pour humilier d'irréconciliables adversaires, et soulever contre eux le rire vengeur des honnêtes gens, elle offre aussi un sérieux désavantage : c'est d'être, aux mains du premier venu, aisément cruelle; et puis, considérée comme argument, l'ironie n'est pas très convain

cante.

Il y a aussi quelques images qu'une bonne partie de l'auditoire, si je ne me trompe, a dû trouver un peu trop réalistes.

Prouver la divinité de l'Église par la seule unité de son enseignement, sans avoir au préalable démontré ou du moins supposé la divinité de son fondateur, c'est une tâche ardue; et il faut féliciter l'auteur de l'avoir poursuivie avec beaucoup de talent.

Le souci du vrai nous commandait ces réserves, nous les for

mulons d'autant plus volontiers qu'elles font mieux ressortir la sincérité de nos éloges, avec le désir que nous avons d'être utile, sans flatter. Grâce à Dieu, ce n'est point une flatterie de dire qu'il n'est point de pages où ne se trahisse le zèle de l'apôtre, désireux de rendre meilleurs ceux qui l'écoutent. Le conférencier n'oublie pas qu'il est missionnaire. Et l'on se réjouit, en fermant ce livre, de constater une fois de plus, que dans le fond de la province, il se trouve beaucoup moins rarement qu'on ne l'imagine d'ordinaire à Paris, des écrivains de talent et d'éloquents prédicateurs.

II.

Ce discours fait passer devant nous, en un vivant tableau, les bienfaits dont l'Église a comblé la France, et les services rendus par celle-ci à sa bienfaitrice, pendant quatorze

cents ans.

Ayant décrit à grands traits l'élection et la régénération de la vieille France au baptistère de Reims, l'orateur montre que notre nation a su répondre à sa haute vocation, et qu'elle a mérité par son chevaleresque dévouement et son pieux respect pour la religion, les glorieux surnoms de « sergent du Christ » et de «<< fille aînée de l'Église ». « Sergent du Christ », elle frappait l'arianisme dans les plaines de Vouillé, le mahométisme dans les champs de Poitiers; puis, donnant le branle aux Croisades, elle tenait refoulée par delà l'Europe la barbarie musulmane, de même qu'elle arrêtait plus tard à ses frontières, l'invasion protestante.

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Cependant les semences d'impiété, jetées par le siècle dernier, continuent de germer et de s'étendre. N'arriveront-elles pas à étouffer la vieille foi au cœur même de la France? Non, répond avec confiance l'orateur. Les œuvres actuelles d'apostolat et de charité par lesquelles se signale la France, au dedans comme au dehors, nous présagent qu'elle ne faillira pas à la mission qui lui fut confiée. Plaise à Dieu que ces paroles où vibre l'accent de la foi, qu'anime le souffle du patriotisme, aident à relever, à unir tant de volontés hésitantes, trop disposées à chercher dans un isolement égoïste quelques avantages temporels, trop promptes aussi à se désespérer et à décourager les plus nobles entreprises. F. TOURNEBIZE, S. J.

Apologie des Christenthums (« Apologie du christianisme »), par le Dr Paul SCHANZ. -1 partie: Gott und die Natur (<< Dieu et la nature » ). — 2o édition corrigée et augmentée. Fribourg-en-Brisgau, Herder, 1895. In-8, pp. 668. Prix: 8 fr. 75.

L'Apologie du christianisme du Dr Schanz peut être considérée comme une somme complète d'apologétique. Ses trois parties -Dieu et la Nature, Dieu et la Révélation, Jésus-Christ et l'Église -marquent les trois étapes qui conduisent l'incrédule à Dieu d'abord, puis au Dieu-Homme, enfin à la société religieuse fondée par le Christ. Malgré les vastes proportions de cette trilogie, certaines parties de l'œuvre du Dr Schanz sont traitées avec beaucoup d'ampleur. Bornons-nous à signaler dans cette première partie les chapitres intitulés : La plante et l'animal, l'homme et la bête, l'âme, le monisme, et surtout la dissertation sur les causes finales (Ziel und Zweck). Pour la question du déluge, l'auteur prend rang parmi les défenseurs de l'universalité restreinte, même en ce qui regarde l'espèce humaine. Il n'apporte pas d'ailleurs de nouveaux arguments, et il nous semble que les objections scripturaires et patristiques, élevées contre cette thèse, subsistent dans leur entier.

Les œuvres du savant professeur de Tubingue sont trop connues et trop justement appréciées pour qu'il soit utile d'en refaire l'éloge. Disons seulement que la seconde édition, dont le premier volume est sous nos yeux, sans subir dans les idées ni dans la rédaction de modifications essentielles, a été soigneusement revue et mise au courant. On s'en aperçoit vite aux innombrables références qui courent au bas des pages et où les plus récentes études, publiées en France et à l'étranger, se trouvent citées et analysées. Il serait à désirer que cet ouvrage fût vulgarisé parmi nous par une bonne traduction française.

F. PRAT, S. J.

Somme de la Prédication Eucharistique. Le Coeur de JésusChrist. Livre premier: La Révélation évangélique du Sacré Cœur, par le R. P. Albert TESNIÈRE, de la Congrégation du Très-Saint-Sacrement, docteur en théologie. Paris, Bureau des Euvres Eucharistiques, avenue Friedland, 27. In-12, pp. vi-692. Prix : 4 francs.

La Somme de la prédication eucharistique, œuvre grandiose entreprise et déjà en partie réalisée par le R. P. Tesnière, vient de s'enrichir de deux nouveaux volumes. Ils sont l'un et l'autre consacrés à l'étude du cœur de Jésus. Le premier, celui que nous annonçons aujourd'hui, a pour sujet la révélation évangélique du Sacré Cœur. Le second traitera de sa révélation eucharistique. L'auteur s'attache d'abord, dans une étude préliminaire, a établir la réalité de cette révélation.

:

Trois faits évangéliques la mettent en lumière le coup de lance du soldat dans le côté de Jésus, qui constitue la révélation du Calvaire; le repos de Jean, le disciple bien-aimé, sur la poitrine du divin Maître, qui forme la révélation du Cénacle; l'invitation adressée à tous les hommes de venir se placer sous l'autorité de Jésus, parce qu'il est doux et humble de cœur, ce qui nous donne la révélation formelle et expresse du Sauveur.

Il est difficile de n'être pas frappé de la solidité des arguments développés par l'auteur à l'appui de sa thèse.

Quelques exégètes rigides, dans leur zèle pour le sens grammatical des mots, continueront peut-être à ne voir dans les faits et les paroles étudiés dans ce chapitre que des indications vagues et des manifestations indécises et lointaines de la grande dévotion des temps modernes; mais la plupart des théologiens et tous les fidèles seront heureux de constater avec le R. P. Tesnière <«< que les racines de la dévotion envers le cœur adorable de Jésus plongent dans l'Évangile », et s'écrieront en y découvrant les raisons fondamentales de ce culte «Se peut-il origine plus haute et plus authentique, assises plus profondes et plus sûres que ces fondements évangéliques: Fundamenta ejus in montibus sanctis ? »

Après avoir démontré par le sens des paroles et les circonstances dans lesquelles Jésus les prononça, que les trois derniers versets du chapitre onzième de saint Matthieu renferment une révélation qu'il convient de regarder comme l'Évangile du Sacré Cœur, l'auteur y découvre tout ce qu'on peut désirer savoir sur le cœur de Jésus, sa nature, ses qualités, ses œuvres.

Les premiers mots de la révélation évangélique du Sacré Cœur, Venite ad me omnes, expriment un appel gratuit et universel; ils découvrent par là même la nature intime du cœur de Jésus-Christ, qui est l'amour. Deux vertus sont désignées par cette révélation

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