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HARVARD COLLEGE

SEP 27 1917

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Treat fund.

ÉTUDES

PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE

31 JANVIER 1896

THÉOLOGIE

QUESTIONS RELIGIEUSES

Encyclopedie und Methodologie der Theologie (« Encyclopédie et méthodologie de la théologie »), par le D' Henri KIHN, professeur de théologie à l'Université de Würzbourg. Fribourg-en-B., Herder. In-8, pp. x1-573. Prix : 8 Mk. (10 francs.)

Voilà un ouvrage dont l'équivalent n'existe certainement pas en France. Nous avons des publications plus ou moins considérables sur des parties du vaste sujet qu'il traite, mais aucune qui l'embrasse dans son ensemble. Le titre même, qui n'a rien d'équivoque pour les lecteurs allemands, a besoin d'explication pour les français. On comprendra ce que signifie méthodologie : il s'agit de la méthode à suivre dans l'étude et l'enseignement de la théologie. Mais par encyclopédie il ne faut pas entendre ce qu'on appelle ordinairement de ce nom chez nous, à savoir un dictionnaire ou un résumé de la science, tel, par exemple, que les encyclopédies éditées par l'abbé Migne. Les Allemands distinguent l'encyclopédie réelle ou des choses (Real-Encyclopedie), c'est celle que nous connaissons, et l'encyclopédie formelle, qui est un essai de systématisation scientifique. De ce dernier genre est l'ouvrage du D2 Kihn. Il n'a pas la prétention de condenser toute la substance de la théologie en un volume; il expose quel est le but et l'objet propre de la théologie, quelles sont ses parties essentielles, de quels moyens elle dispose et quelles conditions doivent concourir pour faire d'elle une véritable science. Voici d'ailleurs l'aperçu très sommaire des principales questions

traitées.

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Après une courte Introduction sur l'idée, le but et l'histoire de « l'encyclopédie théologique », l'auteur considère la théologie successivement au point de vue formel, c'est-à-dire en tant qu'elle est science et enseignement, et au point de vue matériel, c'est-à-dire quant aux matières dont elle s'occupe. De là les deux grandes divisions du volume.

Dans la première partie, consacrée au formel de la science, le Dr Kihn commence par déterminer la notion de la théologie en elle-même et ses rapports avec la philosophie; puis il fait un tableau rapide de l'histoire de la théologie; le troisième chapitre est formé par la méthodologie. Il étudie ensuite les branches spéciales de science qui servent comme d'instruments à la théologie, à savoir la connaissance des langues, puis la critique et l'herméneutique ou science de l'interprétation.

La seconde partie, où il s'agit du matériel de la théologie, se subdivise d'après le double caractère des matières théologiques, les unes se rattachant à l'histoire, les autres au raisonnement : d'où la théologie historique et la théologie systématique. En conséquence, le Dr Kihn marque d'abord la part qui doit revenir dans la théologie aux études d'histoire biblique et d'histoire de l'Église; puis, passant à la théologie systématique, il en décrit successivement les branches théoriques (théologie dogmatique et morale) et pratiques (pastorale et droit canon).

Tous les chapitres sont suivis d'abondantes indications bibliographiques, qui font connaître les principaux ouvrages publiés sur les différentes parties de la science théologique. Ces indications sont particulièrement nombreuses pour la littérature récente; sans être toujours aussi complètes qu'on pourra le désirer, spécialement en ce qui concerne les publications faites hors de l'Allemagne, elles n'en sont pas moins très précieuses, d'autant plus qu'une appréciation de la valeur des ouvrages les accompagne souvent.

Si cette bibliographie fait honneur à l'érudition de l'auteur, tout le volume témoigne d'une connaissance vaste et profonde du domaine de la théologie dans son ensemble. Partout aussi, mais en particulier dans ce qu'il dit de la méthode à suivre dans l'enseignement des diverses branches de la science, un grand bon sens et la sagesse d'un professeur expérimenté se font jour. Enfin, le tout respire un « esprit vraiment ecclésiastique »>, pour em

ployer une expression allemande, qui caractérise bien l'attachement aux traditions doctrinales de l'Église.

Est-ce à dire que nous souscrivions à toutes les idées du savant professeur? Non. Un peu trop dominé peut-être par les habitudes des Universités allemandes, il propose un programme d'études théologiques fort différent de ce qui se pratique généralement en France et, croyons-nous, dans la plupart des pays catholiques. D'abord, il conseille d'adopter pour l'étude et l'enseignement de la science sacrée l'ordre même que nous l'avons vu suivre dans son «< encyclopédie », c'est-à-dire de commencer par les matières historiques et bibliques, pour s'élever ensuite à la théologie systématique théorique et finir par les branches pratiques. Ce serait, pense-t-il, la marche la plus logique. Peut-être, mais il n'est pas toujours possible, ni même toujours utile de fixer les plans d'enseignements d'après une rigoureuse logique. Le D' Kihn lui-même s'empresse en effet d'ajouter que l'ordre et la succession des études varient forcément selon les circonstances.

A notre sentiment, si son plan est praticable et peut même offrir quelques avantages à l'égard d'une élite d'élèves, appelés à recevoir la formation théologique la plus complète, il serait désastreux pour les cours ordinaires des séminaires, composés en grande partie d'auditeurs de talent médiocre, qui ne peuvent viser qu'à une science telle qu'elle suffise aux fonctions habituelles du saint ministère. Ceux-ci doivent en effet concentrer presque tous leurs efforts sur la théologie proprement dite, dogmatique et morale: commencer par les appliquer pendant un an ou deux à des études de théologie historique, ne servirait qu'à leur faire gaspiller beaucoup du temps et des forces dont ils ont besoin pour des études plus nécessaires.

Ce plan a un autre défaut encore plus grave. Bien qu'il demande très justement un minimum de quatre années pour le cycle régulier de l'enseignement. théologique, le temps qu'il assigne à la théologie, soit dogmatique, soit morale, est beaucoup trop restreint au profit des disciplines historiques. En première année, la théologie proprement dite n'aurait rien ou à peu près rien, la dogmatique aurait 5 heures par semaine en seconde et en troisième année, la morale ne viendrait qu'en troisième année, aussi avec 5 heures par semaine; en quatrième année, droit canon, mais pas de dogmatique, ni de morale, sinon sous la

forme de théologie pastorale. En revanche, il est accordé à l'histoire de l'Eglise 5 heures par semaine en première année, et en seconde 4 heures. Avec cela, une part également excessive est faite à l'archéologie sacrée, à l'histoire de la littérature théologique, à la patrologie et à la lecture des Pères. Sans doute ces matières ne doivent être entièrement ignorées d'aucun prêtre; il est à souhaiter que quelques-uns des mieux doués s'y rendent éminents; mais, en aucun cas, elles ne doivent empiéter sur la place que la théologie demande pour être traitée sérieusement et complètement. Nous acceptons plus volontiers les 5 heures par semaine assignées à l'exégèse biblique pendant trois années; seulement, nous ne pensons pas que cette étude puisse être assez fructueuse dès la première année de théologie.

Si nous sommes obligé de marquer notre dissentiment vis-àvis du docte auteur dans ces questions de plan, si délicates d'ailleurs et si complexes, il est d'autres points où nous avons un plaisir tout particulier à lui donner notre pleine adhésion. Rien de plus vrai, par exemple, que ce qu'il dit sur la nécessité absolue d'une solide préparation philosophique avant les études de théologie; sur les avantages de l'emploi du latin dans l'enseignement, au moins de la dogmatique, de la morale et du droit canon, etc. Sur l'importante question de l'utilité des universités pour la formation théologique du clergé, il se prononce avec mesure et sagesse. Il observe très justement que le concile de Trente, qui a ordonné l'établissement des séminaires, a en même temps renouvelé les privilèges des Universités, et que les plus grands et les plus saints fondateurs de séminaires, tels que le bienheureux Canisius, le pape Grégoire XIII et les souverains Pontifes en général, n'ont pas moins travaillé à relever les Universités. Ce n'est donc certainement pas le vœu de l'Église que ses clercs

soient instruits exclusivement dans les séminaires. Et en effet il n'est pas de l'intérêt de la religion, surtout à notre époque, que les jeunes talents qui peuvent l'honorer et la servir par la science, soient étouffés ou retardés dans leur développement par le manque de ressources scientifiques, qu'on ne trouve guère que dans les universités bien organisées.

J. BRUCKER, S. J.

Casus conscientiæ his præsertim temporibus accommodati, propositi ac resoluti cura et studio P. V..., Moralis Theo

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