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en recommandons vivement la lecture à tous ceux que préoccupe le problème social. Ils y trouveront non seulement une science profonde du sujet, mais encore une sève chrétienne, qui seule peut faire de l'économie politique un instrument de prospérité et de pacification sociale.

Hte MARTIN, S. J.

Lavoisier Statistique agricole et Projets de réforme, par MM. SCHELLE et GRIMAUX. Paris, Guillaumin. In-32, pp. LVI-188. Cartonné et orné d'un portrait. Prix: 2 fr. 50. Le seizième volume de la Petite Bibliothèque économique française et étrangère est consacré à Lavoisier.

La notice biographique est due à la plume de M. Grimaux de l'Institut, éditeur du sixième et dernier volume des œuvres du célèbre chimiste. Ce volume contient les divers écrits économiques de Lavoisier, et c'est un diminutif de l'in-4° que nous donne l'in-32 actuel.

Les matières traitées sont très variées. A côté du célèbre extrait d'un grand ouvrage inachevé sur La richesse territoriale du royaume de France, ont pris place des Réflexions sur l'instruction publique présentées à la Convention nationale, un mémoire Sur le rachat des charges de finances, des Réflexions sur les assignats et sur la liquidation de la dette. Lavoisier a très bien vu que des assignats dépréciés auraient pour effet de chasser hors du pays la bonne monnaie.

M. Schelle, dans son Introduction, cite la lettre par laquelle Lavoisier refusa le ministère des contributions publiques que lui offrait Louis XVI. Cette lettre fait honneur et à celui qui l'a écrite et à celui à qui elle était adressée.

Le 19 juin 1794, Fouquier-Tinville fit condamner à mort Lavoisier et vingt-sept autres fermiers généraux, comme «< vampires.., et auteurs de tous les maux qui pendant quelque temps avaient affligé la France ». Ils furent tous guillotinés ce même jour.

P. FORTIN, S. J.

I. — Capillarité. Leçons professées pendant le deuxième semestre 1888-1889, par H. POINCARÉ, membre de l'Institut, rédigées par J. BLONDIN, agrégé de l'Université. Paris, Georges Carré, 1895. In-8, pp. 189.

II. Cours élémentaire d'électricité: Leçons professées à l'Institut industriel du Nord de la France, par Bernard BRUNHES. Paris, Gauthier-Villars, 1895. In-8, pp. vII-265. Prix : 5 francs.

III. Stéréochimie, par Ed.-G. MONOD, avec une préface de M. C. FRIEDEL. Paris, Gauthier-Villars, 1895. In-8, pp. 162. Prix : 5 francs.

I. Cet ouvrage reproduit les leçons professées à la Sorbonne par M. H. Poincaré, il y a quelques années et vient s'ajouter à ceux déjà publiés par l'éminent professeur sur la physique mathématique.

Les principales théories qui ont été données des phénomènes capillaires, ainsi que leurs applications les plus importantes y sont exposées. Tout d'abord se présente la théorie de Laplace : c'est en recherchant l'expression des forces capillaires qu'il arrive à établir l'équation de la surface libre d'un liquide; seulement, pour pousser plus loin l'étude des phénomènes, il est obligé de supposer constant l'angle de raccordement, hypothèse dont Gauss a le premier établi la légitimité. Gauss, en effet, applique au liquide considéré le principe des vitesses virtuelles et son expression, qui se dédouble, lui fournit, du même coup, et l'équation de la surface libre et la preuve de la constance de l'angle de raccordement. Mais dans ces deux théories on suppose constante la densité du liquide, ce qui paraît fort peu fondé : Poisson a donc cherché à tenir compte de la variation de cette densité au voisinage de la surface et a montré que cette analyse plus exacte conduisait néanmoins à des résultats de même forme que ceux de Laplace.

Après cet exposé des théories fondamentales, M. Poincaré passe aux applications: équilibre des lames minces, stabilité de cet équilibre; expériences de Plateau sur la forme affectée par une goutte d'huile en suspension dans de l'eau alcoolisée et maintenue par deux disques ou deux anneaux circulaires d'égal diamètre, ou bien animée d'un mouvement de rotation autour d'un axe qui la traverse. Dans le premier cas les méridiennes des diverses surfaces de révolution qui peuvent limiter la goutte sont des caténoïdes, onduloïdes ou nodoïdes; M. Poincaré examine longuement les conditions d'équilibre du cas limite où la masse

d'huile forme un cylindre de révolution. A propos des formes sphéroïdales ou annulaires relatives au second cas (goutte d'huile en rotation), M. Poincaré a soin de faire remarquer que ces figures sont sans analogie aucune avec la figure des planètes; ces dernières ont été prises sous l'influence de la force d'attraction newtonienne, tandis que c'est la force capillaire, bien différente de l'attraction, qui détermine les autres.

Viennent ensuite les systèmes laminaires ouverts ou fermés; puis l'étude d'un certain nombre de phénomènes très intéressants où la pesanteur intervient; car, dans les cas précédents, eu égard à la petitesse des masses en jeu (lames minces) ou du dispositif adopté (huile flottant dans un liquide de même densité), la pesanteur pouvait être négligée.

Enfin dans un dernier chapitre, M. Poincaré expose la théorie de M. Duhem basée sur la considération du potentiel thermodynamique. Cette théorie a l'avantage d'éviter l'emploi du principe des vitesses virtuelles, dont l'application aux phénomènes capillaires n'est pas considérée par tous comme légitime. Cette théorie, échappant ainsi à ces objections, conduit d'ailleurs à des résultats de même forme que ceux fournis par les autres.

Telles sont les principales questions traitées dans cet ouvrage qui sera des plus utiles à ceux qui s'intéressent aux questions de physique mathématique.

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II. L'électricité pénètre de plus en plus notre vie moderne ; aussi la connaissance de ses lois et de ses applications s'impose tous les jours davantage; mais parmi les nombreuses publications que provoque ce mouvement, il faut savoir choisir; or, je n'hésite pas à le dire, l'ouvrage de M. Brunhes est de ceux que l'on doit recommander sans hésitation.

C'est la reproduction d'un cours fait aux élèves de la section du Génie civil (1re année) de l'Institut industriel du nord de la France; ceci indique à quelle classe de lecteurs il peut être utile et explique quelques particularités de sa rédaction. Dans ses leçons, M. Brunhes, s'adressant à de futurs ingénieurs, devait nécessairement se placer au point de vue de la pratique; aussi certaines parties de l'électricité, qui, jusqu'à présent, ont peu ou point d'applications industrielles, l'électrostatique par exemple, sont-elles presque complètement omises. L'auteur débute par le

ortions ces matières

courant et la pile; de là, il passe au magnétisme, à l'électro-magnétisme, et après avoir consacré un chapitre aux mesures électriques, il étudie avec soin ce qui concerne l'induction et termine par des principes d'électrotechnique Tall st le résumé rapide de l'ouvrage; pour indiquer dans quelles sont développées, il suffit de se rappeler à quelle classe d'auditeurs les leçons qui le composent étaient destinées; aussi l'auteur estime-t-il avec raison «que ce cours peut être utile aux élèves de l'enseignement secondaire, aussi bien qu'aux élèves des écoles industrielles »; il est cependant, en certains points, un peu audessus de cette moyenne.

M. Brunhes nous dit le but qu'il a poursuivi : « Introduire d'une façon rigoureusement scientifique, mais aussi élémentaire que possible, toutes les notions indispensables pour l'étude de l'électrotechnique. » Pour remplir ce programme, il s'est abstenu de toute comparaison empruntée à l'hydrodynamique. Selon lui, ces rapprochements ont « le grave inconvénient de donner l'illusion que l'on comprend, beaucoup plus que l'intelligence même.» On peut trouver cette condamnation générale un peu absolue; ne peut-on même pas dire que l'analogie dans les lois ne va point vraisemblablement sans une certaine analogie dans le fond des choses? En tous cas, une comparaison discrète mais heureuse aide souvent l'intelligence en fixant l'imagination, et M. Brunhes n'en emploie-t-il pas une, page 20, qu'on dirait lui ètre échappée?

Un seul point me paraît laisser à désirer, c'est la définition de la force électromotrice, je ne dis pas au point de vue logique, mais je ne vois pas que la marche suivie mette assez en évidence le rôle physique de cette grandeur dans les phénomènes. M. Brunhes reconnaît d'ailleurs lui-même, dans la préface, que la définition qu'il donne aurait besoin, si l'on devait aller plus loin, d'être complétée et précisée. »

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Cette observation n'a certes pas pour but de mettre en doute la précision ou la clarté de la rédaction; ces qualités s'y rencontrent au plus haut degré : style simple, exposition parfaitement nette, remarques pratiques, applications numériques faciles et très bien choisies venant fixer les idées et donner un corps aux notions abstraites, tout cela rend facile et agréable la lecture de cet ouvrage que je conseille à tous ceux qui désirent se faire des

idées claires sur les principes de l'électricité et ses applications industrielles.

III. Nous avons déjà eu occasion de parler de la stéréochimie ou chimie dans l'espace 1; cette branche de la science chimique est de date toute récente, mais elle est venue combler si heureusement, si parfaitement une grave lacune dans l'ancienne notation qu'elle s'est imposée et doit désormais entrer « dans l'enseignement courant de la chimie organique », ainsi que le fait remarquer M. Friedel. (Préface.)

Tous ceux qui veulent s'initier à cet ordre de considérations et de recherches trouveront un guide précieux dans l'ouvrage de M. Monod. Très simple d'exposition, il met bien au courant des faits principaux qui ont servi de base ou de vérification aux vues de Lebel et Van't Hoff. L'origine de ces idées a été l'impossibilité d'expliquer certaines isoméries à l'aide de formules planes; on était donc amené à chercher un autre mode de représentation qui, tout en faisant prévoir les mêmes isoméries que ces formules dans le cas où elles cadrent avec les faits, modifie convenablement le nombre des isomères toutes les fois que l'ancienne notation était insuffisante. La considération des formules chimiques à trois dimensions a conduit au but; et, ici, il n'est pas inutile de citer une déclaration de principes très nette de M. Monod: « Avant tout, dit-il, insistons sur ce point, à savoir que la stéréochimie n'est rien autre chose qu'un système de notation commode. Jamais on n'a prétendu avoir trouvé la forme réelle, exacte, d'une molécule; on a seulement pris, pour la représenter, un symbole nouveau; et tout ce que l'on peut affirmer, c'est que ce symbole est plus rapproché de la réalité que l'ancien, puisqu'il est plus d'accord avec les phénomènes connus. » On ne saurait mieux dire.

Les phénomènes de polarisation rotatoire de certains liquides, de certaines vapeurs ou de dissolutions organiques montrent que la dissymétrie doit exister en ces cas, jusque dans la molécule chimique elle-même; or la condition nécessaire et suffisante de l'activité optique d'une molécule organique est qu'elle contienne un atome de carbone asymétrique, c'est-à-dire, échangeant ses

1. Etudes, t. LIX, 1893, p. 321.

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