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hautes dignités, ses plus insignes privilèges, ses plus belles vertus, les principaux mystères de sa vie ; et toujours on l'y trouve concourant de son exemple et de ses œuvres à christianiser

les ámes.

Elle se montre à nous du premier coup comme «< un reflet humain de la beauté incréée..., comme la grande enchanteresse des âmes baptisées..., qui exerce sur le monde chrétien.... une séduction sainte..., toute-puissante..., nous aide dans notre ascension vers Dieu, et fait également les vierges et les convertis... >> C'est un chef-d'œuvre divin. « Et comme le plaisir est grand pour l'esprit de l'homme amateur des beaux arts, de rechercher les esquisses où la main d'un maître s'est exercée, et de pénétrer ainsi dans le secret des préparations qui précèdent la mise au jour d'un chef-d'oeuvre longtemps médité », l'auteur, pour nous donner ce plaisir, déroule sous nos yeux les esquisses de celui-ci. Il les trouve dans les feuillets de l'ancien Testament; elles se nomment: Eve, Rébecca, Débora, buisson ardent, verge fleurie, toison de Gédéon...

Ce plaisir goûté, c'est le chef-d'œuvre lui-même qui vous charme. Marie, voilà son nom ; et quel nom plein de sens !... La maternité parée de toutes ses grâces touchantes, voilà celle de ses beautés qui frappe d'abord les yeux. Le R. P. Badet, nous la fait admirer tout à loisir, sans qu'on songe à l'accuser de longueur il nous explique là, si bien, de cette mère incomparable et les souffrances et le cœur !

Puis avec une fraîcheur de poésie, qui est ici tout à fait de convenance, il nous dit comment la foi de nos ancêtres, s'emparant de tout dans la nature pour embellir le culte de Marie, a fait de l'univers le temple où s'est montrée tour à tour N. D. du Mont, N.-D. des Neiges, N.-D. du Val, N.-D. des Eaux, N.-D. de la Fontaine, N.-D. du Chemin, des Vignes, des Moissons, des Fleurs, de Blanche Épine, des Lis, des Roses. Il nous dit comment la même foi a fait régner « dans le monde intime de nos âmes, dans le monde intime de nos pensées et de nos désirs, de nos sentiments et de nos aspirations, de nos joies et de nos peines », plus touchant que « le monde des étoiles, des montagnes et des fleurs », N.-D. de Lumière, N.-D. de Bon Conseil, N.-D. de la Paix, de Bon Secours, de Bon Espoir, de Liesse, de la Joie, de la Garde, du Salut, de la Délivrance, de Consolation, des Douleurs, des Victoires.

Le dogme de l'Immaculée Conception nous apparaît ensuite comme « le mot de notre siècle dans l'Évangile écrit successivement par tous les âges, en l'honneur de Marie », et comme « l'enveloppe d'une haute leçon de moralité donnée par Marie à ce siècle chancelant dans le sentier du devoir et de la vertu ». Nos pères, en proclamant les autres merveilles de la sainte Vierge, «< avaient déposé sur son front d'immortelles couronnes »; en proclamant celle-ci, « nous y avons ajouté le rayon; nous avons versé sur ces couronnes la clarté qui en fera pour toujours étinceler l'or et les pierreries » ; et « la vierge sans péché, la vierge toute sainte, qui s'est levée, en ces derniers temps, sur l'horizon de la pensée chrétienne et qui y resplendit pour toujours, s'oppose à notre matérialisme contemporain comme le jour s'oppose à la nuit... ».

Signalons, après ces belles pages sur l'Immaculée Conception de Marie, quelques pages vraiment éloquentes sur sa royauté, pages qui saluent avec enthousiasme «< la reine élue des grandes àmes chrétiennes de tous les temps »; quelques pages aussi vraiment pieuses sur son rosaire; et puis regrettons que vers la fin du livre Marie disparaisse un peu trop. Elle ne disparaît, il est vrai, que pour faire place à Jésus, et le fils nous console du départ de la mère; mais nous aurions préféré conserver sa douce vision jusqu'au moment où, fermant le livre, nous déposons si gracieusement, avec nos vertus, nos fleurs à ses pieds.

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Malgré ce léger défaut, que d'autres n'y verront pas, le livre du R. P. Badet sera bien accueilli des dévots de Marie. Ils y trouveront joies et profit. H. GRESSIEN, S. J.

I. — La Messe, par l'abbé R. DÉCROUÏLLE. Paris, Haton, 1896. In-12, pp. xiv-458.

II. - Nouveau Mois de saint Joseph, par l'abbé Joseph BERLIER. Paris, Téqui, 1896. In-18, pp. vII-299. Prix: 2 francs.

I. La messe, suivant saint François de Sales, est le « soleil >> de la piété. Pourquoi tant de fidèles qui l'entendent fréquemment n'y trouvent-ils donc pas la lumière, la chaleur, la joie et la force qu'on pourrait attendre de la participation au sacrifice du corps et du sang de Notre Seigneur Jésus-Christ? Outre d'autres raisons, c'est que beaucoup n'ont pas assez l'intelligence des divins.

mystères. Ils y assistent matériellement, sans s'unir d'esprit et de cœur au prêtre qui est le ministre et à l'Homme-Dieu qui renouvelle sur l'autel l'immolation du Calvaire. Tel est cependant le désir de l'Eglise. M. l'abbé Décrouïlle, auteur des Méditations sacerdotales sur la messe de chaque jour, a donc eu une excellente idée en expliquant en détail le sens véritable des prières et des cérémonies qui accompagnent le Saint-Sacrifice. I le fait avec méthode, solidité, exactitude, ampleur et onction. Son volume est un vrai cours de spiritualité théorique et pratique, et une table alphabétique en facilite l'usage. Fidèles et prêtres en retireront un grand profit d'instruction et d'édification.

II. C'est à l'usage des âmes pieuses, des communautés et des paroisses que M. l'abbé Berlier a composé ce Nouveau Mois de saint Joseph. On y trouvera, pour chaque jour du mois de mars, une lecture, une réflexion et une prière. Sous une forme simple, l'auteur a réuni ce que l'Écriture, la tradition, les Pères de l'Église, les docteurs et les écrivains ascétiques ont enseigné touchant le virginal Époux de Marie. Ce volume a donc les qualités essentielles du genre orthodoxie, brièveté, clarté, caractère pratique et piété. C'est un bon texte pour tous les dévots au glorieux Patriarche et pour tous les chrétiens. ÉT. CORNUT, S. J.

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I. Sacerdos rite institutus piis exercitationibus menstruæ recollectionis, auctore P. Adulpho PETIT, S. J. BrugesLille, 1891-1894-1895. 4 vol. in-18, pp. xvi-268, vi-340, 11-372, IV-387. Prix: 1 fr. 50 le vol. II. Le Don de la Pentecôte Méditations sur le Saint-Esprit, par le R. P. M. MESCHLER, de la Compagnie de Jésus. Traduit de l'allemand, par l'abbé Ph. MAZOYER, du clergé de Paris. Paris, Lethielleux, 1895. 2 vol. in-12, pp. 339-353. Prix: 6 francs.

III. Manuel de la Dévotion au Saint-Esprit, par le R. P. M.-J. FRIAQUE, O. P. Paris, Téqui, 1895. In-24, pp. 246. Prix: 2 francs. - IV. Scapulaire de N.-D. du Mont-Carmel, par le P. Henri-Marie DE SAINTE-Thérèse. Paris, Duret, 1895. In-18, pp. vIII-214.

I. Nous avons déjà mentionné dans la Bibliographie les récollections mensuelles du R. P. Petit. La quatrième série a paru au cours de l'année qui vient de finir. L'œuvre est maintenant

complète, et grâce à un Index méthodique on peut d'un coup d'œil en embrasser l'ensemble et se rendre compte des richesses qu'elle contient.

Chaque série comprend vingt-cinq récollections, et chacune d'elles se compose de trois exercices : une méditation ou contemplation, une considération et un examen particulier. Ce livre présente l'incomparable avantage d'avoir été expérimenté, et comme l'on dit aujourd'hui, vécu, avant d'être imprimé. Le R. P. Petit a en effet rédigé les exercices au fur et à mesure qu'il les faisait pratiquer aux prêtres belges qui suivaient sous sa direction la retraite du mois. Le clergé trouvera là une mine inépuisable de doctrine ascétique adaptée à ses besoins par un homme qui les connaît de longue date.

II. L'auteur du Don de la Pentecôte n'est pas non plus un inconnu pour les lecteurs des Etudes. M. l'abbé Mazoyer, qui travaille avec tant de zèle à enrichir notre littérature ascétique des meilleures productions de l'Allemagne et de l'Angleterre, nous a déjà donné en français les trois volumes de Méditations sur la Vie de Notre-Seigneur du R. P. Meschler. Nous retrouvons dans le nouvel ouvrage les qualités de son aîné: une saine et forte théologie, une érudition à laquelle rien n'échappe de ce qui se rapporte au sujet, une abondance de développement peut-être point toujours exempte de prolixité. La plante ainsi enracinée et alimentée produit spontanément et sans s'épuiser les fruits de la piété, tantôt affective, tantôt pratique. Cette méthode est le propre des maîtres; certes, ce ne sont pas les livres de piété qui nous manquent, mais plutôt ceux où la piété et l'imagination ne se séparent jamais de la doctrine.

Le Saint-Esprit est considéré tout d'abord dans ses origines ineffables, c'est-à-dire dans le mystère de la vie divine; ensuite dans les œuvres de Dieu, l'univers matériel, mais surtout le monde surnaturel, le véritable royaume de l'Esprit-Saint; l'Église, les sacrements, les vertus et les dons, la perfection chrétienne dans l'individu, dans la famille et dans la société, la sainteté et la gloire, en un mot la vie de la grâce, son effusion, son entretien, sa consommation, tout cela rentre dans les attributions spéciales de l'Esprit-Saint. Les dernières méditations ont pour objet le culte que l'Église lui rend.

Cette distribution des matières est parfaitement logique; on aurait bien fait de la mettre en relief par des divisions méthodiques. La succession des cinquante-deux chapitres, sans autre lien apparent que la série des numéros, n'aide pas beaucoup à saisir l'ordre et l'enchaînement des idées.

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III. Le livre du R. P. Friaque n'a pas l'ampleur de celui du P. Meschler; d'ailleurs il se présente sous le nom modeste de manuel. Mais c'est également l'œuvre d'un théologien, et ce point est capital quand il s'agit d'une matière aussi élevée et aussi délicate. On le lira avec plaisir, car il est écrit en bon français, clair, ferme et suffisamment moderne.

On nous dit dès les premières pages que Jésus-Christ et Satan se disputent le monde, que dans cette lutte «< chacun d'eux emploie tout ce qu'il a de génie et d'art», que « la victoire ne dépend pas seulement de la science stratégique de l'un et de l'autre... ». Est-ce que semblables expressions ne heurtent pas une certaine délicatesse très respectable?

IV. - Nombre d'opuscules ont été publiés sur le Scapulaire de N.-D. du Mont-Carmel; mais leurs auteurs étaient des « étrangers » insuffisamment initiés à l'histoire et aux privilèges de l'Ordre qui a reçu le dépôt de cette insigne dévotion. Le R. P. Henri-Marie est « de la famille » et peut à ce titre aborder le sujet avec plus d'autorité. Il y met une chaleur et une conviction que personne ne songera à lui reprocher. Toutefois nous ne pensons pas que son livre apprenne rien de nouveau à ceux qui se sont un peu occupés de la question. Apparemment ce n'était pas son but et, du reste, quoi bon? Il dit tout ce que la piété catholique a besoin de savoir sur une dévotion qui lui est chère entre toutes, et le respectable auteur a pleinement le droit de clore son œuvre par les belles paroles du cardinal Giraud: « Voilà la dévotion embaumée du Carmel, avec la majesté de ses souvenirs, le merveilleux de ses traditions, la richesse de ses indulgences, la multitude de ses miracles et la sûreté de ses promesses. »

I.

J. BURNICHON, S. J.

13 et 14 Nisan. Pensées sur la Passion du Sauveur, par le comte Robert DES MAISONS. Paris, Retaux. In-16, Pp. IV-299. Prix: 2 fr. 50.

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